Christophe Manibal : « On ne prétend pas à une rentrée idéale, mais simplement à une rentrée correcte »

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Depuis plusieurs années, le collectif 31 « Sauvons l’école » suit de près la politique éducative du département. A quelques jours de la rentrée, ces enseignants et ces parents sont sur le qui-vive. Pour eux, elle s’annonce comme l’une des pires en terme de conditions d’apprentissage. Le collectif réclame un processus de concertation et multiplie les propositions.

 

« Ça va encore mal se passer cette année ». Un pronostic bien moribond pour cette nouvelle rentrée en Haute-Garonne, la dernière appliquant les décisions du ministre Luc Chatel. Un pessimisme lié, entre autres, à la surcharge des classes. « La situation actuelle est catastrophique. Des élèves de maternelle vont se retrouver à 35, 36 par classes alors que d’autres auraient du être ouvertes. Cette absence d’anticipation est un très mauvais signal de ce que l’on peut attendre de l’école publique » soupire Laurent Cadreils, du syndicat FSU. Hélène Rouch, membre de la fédération FCPE 31, évoque « une stratégie de remplissage des collèges, combinée à l’assouplissement de la carte scolaire ». Christophe Manibal, du syndicat Snes-Fsu, partage le constat. « Nous voulons le respect des seuils. On ne prétend pas à une rentrée idéale, mais simplement à une rentrée correcte ». Le collectif « Sauvons l’école 31 » s’alarme également de la suppression des postes et de l’inadaptation des rythmes scolaires. Mais le problème des effectifs reste majeur. A Toulouse, entre juillet et fin août, les écoles primaires ont enregistré à elles seules 800 inscriptions supplémentaires. Le taux d’encadrement en école maternelle et élémentaire est en fait le même qu’il y a trente ans. Un critère qui relègue la Haute-Garonne 3ème plus mauvais département de France.

 

« Nous voulons être associés à la concertation »

Pour beaucoup, le niveau de concertation avec le rectorat était jusqu’à présent proche de zéro. Christophe Manibal en donne un exemple frappant. « Le 21 août, nous avons reçu une invitation du recteur à Ax-les-Thermes pour le 28 du même mois. Convoquer les acteurs de terrain que nous sommes en plein milieu des vacances n’est tout simplement pas sérieux. Nous voulons une vraie rencontre, un jour ouvrable, avec du temps pour préparer nos arguments ». Justement, le collectif a publié une série de dix mesures d’urgence, telles que la réhabilitation des Rased ou la création de 40 postes pour les enfants de 2 et 3 ans. « Auparavant, les idées que nous avancions étaient refusées à l’unanimité. Nous ne prétendons pas tout résoudre, mais au moins donner un peu d’air. Il faut que le recteur joue le jeu et soit à l’écoute de nos propositions ». Pour Bertrand Dedeban, de FSU, ce qui n’était qu’une « consultation de façade » doit devenir une « réelle consultation sociale ». Sur ce point, le changement de majorité présidentielle laisse entrevoir de nouvelles perspectives au collectif. Les premières mesures prises par Vincent Peillon semblent « aller dans le bon sens ». « Un vrai espoir de changement de ton dans le dialogue » avance Cyril Lepoint de Unsa Éducation. Claude Alliot, du syndicat Sgen-Cfdt, conclut par une note optimiste. « La rentrée 2012-2013 en Haute-Garonne est au fond une rentrée assez paradoxale. Elle sera très difficile mais nourrit en même temps une espérance pour améliorer les conditions de la rentrée prochaine ».

 

Christophe Guerra