Prostitution : « Ils devraient nous aider au lieu de nous lancer dans les mains des mafias »

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Ce mercredi à 17h, une centaine de manifestants ont défilé dans les rues de Toulouse pour protester contre le projet de loi qui vise à pénaliser les clients de prostituées. Le cortège, composé de prostituées mais surtout de militants d’associations, est parti de la place Belfort pour rejoindre le siège du Parti Socialiste.

 

« C’est le coup de grâce » s’insurge une travailleuse du sexe, « la loi Sarkozy nous faisait déjà du mal, mais pénaliser le client, c’est mettre à mort la profession ». «  Cette loi va créer énormément de soucis, elle va isoler les prostituées ce qui va poser des problèmes d’insécurité. Pour les associations, cela va rendre notre travail d’aide et d’accompagnement encore plus dur » explique une représentante de Griselidis. Pas moins d’une dizaine d’associations se sont regroupées pour apporter leur soutien contre ce projet de loi « fait sans aucune concertation avec la profession ». D’Act Up au Strass en passant par Médecin du Monde, le constat est le même pour tous : «  c’est une loi qui va augmenter les dangers pour les travailleuses ». « A cause de cette loi, nous ne pourrons plus nous permettre de dire non à un client, nous ne pourrons plus imposer le port du préservatif, sans parler des tarifs qui vont encore baisser » s’inquiète une travailleuse du sexe. « Cela ne vas pas enlever les réseaux, ils seront juste plus souterrains et encore plus durs à accompagner » rajoute un des représentants d’Act Up. « Depuis mes 18 ans je travaille dans ce milieu et j’en ai 50, je paye des impôts et je suis une citoyenne comme les autres, mais là c’est clairement de la prohibition » s’insurge une autre prostituée. « Je vois les prix qui baissent, les filles de l’est payer de plus en plus cher des passeurs, la prostitution ne recule pas, elle est juste plus difficile, car la demande est toujours là » continue t elle. Arrivée devant le siège du Parti Socialiste, une délégation a été reçue par Joël Bouche, premier secrétaire du PS31.

 

Un climat de travail déjà difficile

« Il y a entre 500 et 550 prostituées à Toulouse. C’est un nombre stable, mais leurs conditions de travail se sont dégradées d’année en année », raconte la responsable de Griselidis. Du fait de leur isolement et de leur écartement du centre-ville, « les filles sont de plus en plus en danger avec des conditions de travail déplorables. On observe également une augmentation inquiétante de la violence » explique l’infirmière de l’association Griselidis. « Lorsque nous sommes agressés ou prise à partie, la police voit ça comme un risque du métier, et il est dur de porter plainte » explique une prostituée. « Les prix sont tirés vers le bas, on a peur quand on va au travail, ils devraient plutôt faire en sorte de nous aider au lieu de nous lancer dans les mains des mafias et des maisons closes clandestines » termine-t-elle.

 

Article de François Nys