Violences faites aux femmes : « il faut faire cesser ce cycle infernal »

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Le 25 novembre était la journée contre les violences faites aux femmes. Alors que 148 femmes sont mortes en 2012 sous les coups de leur conjoint et seulement 20% d’entre elles se déplacent à la police ou à la gendarmerie, le gouvernement a mis en place un plan national d’aide et souhaite harmoniser l’ensemble des législations européennes sur le sujet. Françoise Imbert, députée de la 5ème circonscription de la Haute-Garonne, a été chargée de présenter le projet de loi visant à ratifier la convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre les violences à l’égard des femmes et la violence domestique. Interview.

 

Toulouse Infos : Alors que 148 femmes sont mortes en 2012 sous les coups de leur conjoint, le gouvernement a mis en place un plan triennal d’aide aux femmes victimes de violences. Pouvez-vous nous présenter ce plan ?

Françoise Imbert : C’est un projet de loi qui a pour objectif de doubler les moyens de différents acteurs qui sont touchés par ce sujet afin de mieux accompagner les femmes en danger. Il prévoit un doublement des effectifs d’aide aux femmes en danger dans les commissariats et gendarmeries, mais aussi un doublement de la plupart des services sociaux. Le but est de pouvoir proposer une réponse systématique et complète, et surtout offrir un moyen sur de protéger et d’accompagner ces femmes. C’est donc un renforcement du triptyque police, justice et service de santé. Il faut que nous ayons des structures fortes, car de nos jours seule une minorité des femmes porte plainte et ose casser le cercle de la violence. Nous espérons, avec une augmentation d’effectif et la création du 39 19 qui sera accessible 24h sur 24h et 7jours sur 7, permettre à plus de femmes d’oser franchir le pas.

TI. : Il y a encore beaucoup à faire sur le plan national ?

F.I : Oui et non. D’un coté, il y a toujours trop de femme qui meurent suite à des violences domestiques, et trop peu osent passer le cap d’aller porter plainte. D’un autre, on observe une augmentation de la prévention et de l’information. Le plan triennal prévoit d’informer et de faire de la prévention sur tous les corps de métier capables de pouvoir aider ou repérer des femmes victimes de violences. Je remarque aussi, ayant des enfants, que de nos jours même à l’école ce genre de notion est mise en place. Donc, espérons qu’avec le temps, le nombre de femmes victimes sera en baisse et que ce cycle infernal cessera.

T.I : Vous allez aussi porter un projet, mais cette fois-ci au niveau européen.

F.I : Oui, je vais aller présenter un projet au nom du premier ministre et de Laurent Fabius. Le titre est un peu long, mais parlant : « Projet de loi autorisant la ratification de la convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre les violences à l’égard des femmes et la violence domestique. ». L’idée reste toujours la même, mais cette fois-ci, nous voulons faire en sorte d’harmoniser les lois sur le plan européen, afin de faire en sorte que chaque pays signataire propose un système efficace contre les violences faites aux femmes. Nous pourrons ainsi avoir un outil juridique commun à toute l’Europe. Le texte prévoit la protection et le soutien qu’il convient d’apporter aux victimes, leur assurer l’accès à des services juridiques, psychologiques, une assistance financière, un logement et l’aide des services sociaux. Le texte porte aussi sur le droit matériel, les indemnisations des victimes, la garde des enfants… Il va jusqu’a demander des sanctions effectives, proportionnées et  dissuasives et pouvant entrainer la privation de liberté. C’est donc dans la continuité du plan triennal et de la vision que nous avons de l’aide qui doit être fournie aux femmes que ce texte sera discuté très prochainement au Conseil de l’Europe.

 

Propos recueillis par François Nys