Qui sont les trois pères en colère qui occupent les toits de la place du Capitole ?

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Présent pour défendre deux grandes causes, trois pères et une mère sont sur les toits du bâtiment situé en face de l’Hôtel de ville de Toulouse depuis hier 5 heures du matin. Retour sur l’histoire et le combat des ces « pères en colère ».

 

« Je tiens à faire savoir que mon casier judiciaire et celui des deux autres pères est vierge. Nous pouvons en fournir une copie si les gens le désirent. Il faut arrêter de croire que les pères qui sont coupés de leur enfants sont forcément violents et criminels » explique l’un des manifestants. Julien, Mounir, Stéphane et Céline sont montés sur ce toit pour dénoncer l’agression « raciste » à l’encontre de Youssef, jugé hier à Grenoble pour vol de voiture de police suite à une action des « pères en colère » mais également pour dénoncer le sort des pères divorcés. « Nous ne sommes pas de Toulouse, nous venons de Bergerac, de Bretagne ou de Montauban, mais nous voulions un lieu symbolique dans une grande ville » explique Julien Servelle, un des trois pères. Ils comptent rester sur ce toit tant que leurs revendications ne seront pas entendues. Voici leurs histoires :

Stéphane, qui vient de Bretagne, avoue que son cas est bien trop fréquent en France. « Je souffre d’un grand éloignement géographique avec mon enfant, et la mère a tout fait pour me faire retirer mes droit de visite afin que je ne puisse plus le voir » raconte-t-il. Père de 5 enfants qu’il ne peut plus voir, il milite depuis 7 mois pour la défense des pères séparés. « J’ai fait en sorte de n’avoir plus rien à perdre, j’ai mis ma vie entre parenthèses, je n’ai plus de travail et je vis du minimum social. Je n’ai plus le cœur à vivre sans mes enfants. » Comme les autres membres présents, Stéphane n’en est pas à sa première action. « J’étais avec Mounir au Sacré Cœur et à la Rochelle » termine le militant.

Mounir est un ancien soldat de l’armée française qui a servi sous le drapeau durant des années avant de voir son fils être emmené de Bergerac au Maroc par sa mère. « Cela me révolte de voir mon fils, qui est comme moi français, se retrouver au Maroc en situation irrégulière, sans scolarité et sans couverture sociale » explique-t-il. Il se bat depuis 2 ans pour le revoir et a été à de nombreuses manifestations comme au Sacré Cœur, à Grenoble ou encore sur une grue d’Évry qui avait permis d’ouvrir des négociations, mais qui « n’ont en fin de compte mené à rien ». « J’ai pris des risque pour la nation, et à présent je suis ignoré et méprisé par cette dernière, c’est révoltant » dit-il avec amertume.

Julien, de Montauban, est éloigné de son fils depuis 2 ans. Il possède un droit de visite au domicile de ses parents mais refuse de s’y rendre. « Mes parents sont de mèche avec la mère, et je refuse de rencontrer mon fils dans un lieu anxiogène. Il a le droit au bonheur ». De plus, il conteste de « fausses accusations » qui lui ont été imputées lors du divorce. Depuis 4 mois, il participe à de nombreuses actions comme à Chambéry, Grenoble et bien d’autres. Il a depuis reconstruit sa vie et a deux jeunes filles, « mais en aucun cas je n’abandonnerai mon premier fils, il a le droit de connaître ses sœurs ».

C’est pour cela que les trois hommes demandent « une déjudiciarisation de ce genre de procédure et qu’une médiation soit mise en place en remplacement ». « Nous sommes plus que des géniteurs ou des porte-monnaies, nous ne pouvons accepter que nos enfants soient pris en otage ! » expliquent-ils. A l’heure actuelle, le préfet a proposé une rencontre, mais ils ont refusé car « il veut juste nous calmer et nous faire descendre du toit. Nous avons arrêté de croire en la justice et il est dur de croire au gouvernement, nous voulons des actions concrètes pour tous les pères trop nombreux, qui vivent le calvaire que nous vivons ».

 

Article de François Nys