Toulouse : Les gens du voyage renoncent à bloquer la rocade mais…

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Pour protester contre le traitement infligé de la part de l’administration, des familles de gens du voyage menaçaient de bloquer la totalité de la rocade ce vendredi à partir de 15 heures. Une action « extrême » que ces dernier viennent d’annuler suite à une réunion à la préfecture. Rencontre avec Fred, l’un des membres de cette communauté qui revient sur le pourquoi du comment.

 

Toulouse Infos : Pouvez-vous nous raconter l’origine du litige ?

Fred : Nous sommes des Français qui avons volontairement une vie nomade depuis plusieurs générations. Avec l’évolution des lois par rapport aux personnes avec ce mode de vie, nous avons décidé d’acheter un terrain en famille pour avoir un chez nous, et ce fut le début des problèmes. Le maire de Lacroix-Falgarde ayant vu que nous voulions installer des caravanes a décidé de nous expulser de notre terrain. Pour ça, il a utilisé le prétexte que celui-ci était en zone inondable. Nous retrouvant après l’expulsion sans pied à terre, nous nous sommes installés sur la place du village afin de protester et pour que les pouvoirs publics réagissent sur le sujet. Un accord fut alors conclu avec le Sicoval, la mairie de Lacroix-Falgarde, la mairie de Labège, la mairie de Pinsaguel et la préfecture de Toulouse. Dans cet accord, les cosignataires s’engageaient à nous octroyer un autre terrain en échange de celui dont nous avons été expropriés. En attendant, nous étions logés provisoirement sur un terrain à Labège : cet accord remonte à 2011.

T.I : Pourtant vous êtes à l’heure actuelle sur un terrain de manière illégale, cet accord n’a pas été respecté ?

Fred : Il n’a surtout pas été appliqué. Le terrain provisoire sur lequel nous étions avait pour objectif de nous permettre d’avoir un emplacement pendant que la partie administrative se réglait. Mais depuis, rien n’a été fait et nous nous retrouvons sans terrain. Je précise que nous payons malgré tout l’impôt foncier et les autres taxent sur notre propriété de Lacroix-Falgarde. De plus une bonne partie de Lacroix-Falgarde est en zone inondable, mais notre terrain est le seul pour lequel le maire considère qu’il était nécessaire d’avoir recours à l’expropriation.

T.I : Et qu’en est-il du terrain provisoire de Labège ?

Fred : C’est un terrain qui est en bordure d’autoroute, avec des sanitaires qui sont tellement mal installés que nous nous sommes retrouvés très vite à vivre avec les rats. C’était très difficile à vivre, nous étions non loin de l’autoroute et nous avions un bruit constant de voitures et vivre avec les rats n’était pas une expérience des plus agréable. De plus, au retour de nos vacances, le Sicoval nous a accusés d’avoir vandalisé le terrain en question. Des dégradations ont été effectuées durant notre absence, c’est indéniable, mais ce n’est pas nous et nous avons la preuve par huissier que nous avons quitté le terrain en le laissant en l’état dans lequel il nous avait été laissé. Nous ne pouvons plus y vivre, et la situation quand à notre terrain de remplacement pour notre propriété de Lacroix Falgarde n’ayant pas avancé, c’est pour ça que nous nous sommes installés illégalement.

T.I : Le dossier n’a pas avancé durant l’été ?

Fred : Rien, nous avons des preuves qui sont conservé par la ligue des droits de l’homme qui montrent que rien n’a été fait afin de résoudre au plus vite le litige. Les raisons invoquées sont des soucis administratifs, mais nous avons des documents qui prouvent que rien n’a été fait et qu’une volonté d’enterrer le dossier est flagrante.

T.I : Aujourd’hui, quelles sont vos conditions de vie ?

Fred : Dans des conditions qui sont très médiocres pour un citoyen français. Depuis des années, nous avons de gros soucis pour tout ce qui est administratif car le maire nous met des battons dans les roues. Rien de pour la scolarisation de nos enfants, nous avons dû faire appel à la ligue des droits de l’homme afin de faire pression pour leur permettre de pouvoir aller à l’école. Je tiens à préciser que pourtant nous sommes citoyens français depuis plusieurs générations, nous avons des sociétés, un travail, nous payons nos impôts et nous avons toujours réglé l’électricité et l’eau des terrains que nous occupons, comme nous réglerons les frais de celui que nous occupons de manière illégale à l’heure actuelle.

T.I : Quel est votre sentiment à l’heure actuelle ?

Fred : Nous n’avons pas le sentiment d’être traités comme des citoyens français et nous trouvons que c’est un gâchis financier. Notre expropriation à couté aux contribuables, et donc à nous aussi, 300 000 euros, et nous ne parlons pas des terrains qui nous ont été alloués, des buses en bétons qui ont été installées et toutes les autres dépenses. Le président du Sicoval et le maire de Lacroix-Falgarde passent à nos yeux pour des menteurs, c’est pour cela que nous avons pensé à bloquer le périphérique. Nous sommes conscients de payer les pots cassés car le maire de la commune a eu par le passé des soucis avec des gens du voyage, et nous sommes conscients que nous gênons à l’heure actuelle les riverains du terrain que nous occupons. Dès janvier 2014, si rien n’est fait d’ici là, nous attaquerons en justice le Sicoval. Nous voulons juste que l’accord que nous avons signé soit respecté, nous avons certes un mode de vie nomade, mais nous sommes propriétaire et avons toujours réglé nos dépenses. Nous ne comprenons pas pourquoi vouloir vivre dans des caravanes sur notre propriété au lieu d’y bâtir une maison rend les choses si difficiles.

T.I : Vous aviez rendez-vous jeudi à la préfecture afin de trouver un accord à l’amiable pour éviter le blocage du périphérique, qu’en ressort-il ?

Fred : Nous nous sommes entretenus avec le préfet, et notre problème semble ce régler. Après, je vous rappelle que les papiers sont signés depuis bien longtemps, mais il semble qu’il y ait enfin une possibilité afin que l’application soit possible. Nous en saurons plus le 10 octobre (nouvelle réunion), mais il est vrai que la menace de bloquer le périphérique a dû jouer dans l’organisation de cette réunion.

 

Propos recueillis par François Nys