Jean Christophe Sellin : « notre objectif est de gagner et à défaut, de peser »

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Le 27 juin dernier, la fédération toulousaine du Parti de Gauche a officialisé la création d’une liste autonome en vu des élections municipales de mars 2014. En discussion avec les Verts et sans réel contact avec la direction du Parti Communiste, le Parti de Gauche s’apprête à faire sa rentrée politique. Entretien avec Jean Christophe Sellin, probable tête de liste du Parti de Gauche aux élections de mars prochain.

 

Toulouse Infos : Contrairement à vos principaux adversaires, vous n’avez pas encore fait de rentrée politique officielle, c’est pour bientôt ou estimez-vous que c’est un peu tôt ?

Jean Christophe Sellin : Nous comptons faire un point sur notre action d’ici une quinzaine de jours et sortir un tract dans la semaine. Nous avons déjà annoncé en juin les axes sur lesquels nous allons nous battre (gratuité des transports, logement et la création d’une régie publique de l’eau), mais dans une campagne, il faut aussi savoir en garder. Nous ne sommes pas du style à faire fuiter notre projet comme Pierre Cohen. Nous avons déjà fait des propositions concrètes et nous en ferons d’autres le 6 novembre à l’occasion d’une réunion publique organisée salle Osette à l’espace Duranti.

TI : Une liste commune entre le Front de Gauche et EELV a un temps été évoquée avant l’été, c’est toujours d’actualité ?

JCS : Nous nous sommes rencontrés récemment pour la 4ème fois. Nous avons de larges plages de convergences que se soit sur les transports, le logement ou la gestion de l’eau mais il reste des points de désaccords. Les Verts pensent qu’eux seuls peuvent mener une liste à tendance écologiste alors que de notre coté, nous pensons qu’il est nécessaire de mettre une tête de liste qui s’est battue contre les politiques d’austérités. Je rappelle qu’il n’y a que moi qui ai voté contre le budget 2013 présenté par Pierre Cohen.

TI : Avez-vous vraiment besoin des Verts ? La dynamique semble être plutôt en votre faveur…

JCS : Sur le dernier sondage, j’étais crédité de 10% et la liste verte d’Onesta à 9% (hypothèse du sondage. Les candidats étant aujourd’hui François Simon, Régis Godec, Antoine Maurice). Des scores qui permettent de créer une dynamique qui peut nous porter à plus de 20%. Notre objectif est de gagner et à défaut, de peser sur l’entre deux tours. Je n’ai pas envi de parler de cet entre deux tours mais ce que je peux vous dire, c’est que notre ambition est de nous battre contre les politiques d’austérités mai également de battre la droite et l’extrême droite.

TI : Lors de sa conférence de presse de rentrée, Pierre Cohen a expliqué que le Front de Gauche était composé en grande parti de communistes à Toulouse (communistes qui devraient se ranger derrière lui), et que vous ne représentez donc qu’une petite liste d’extrême Gauche. Quelle est votre réaction ?

JCS : Pierre Cohen est sur une vieille lecture de l’union de la gauche de la fin des années 70 / début des années 80. A l’époque, le PC était à 20%, aux dernières élections présidentielles, il était à 1,8% à Toulouse alors que Mélenchon était à 16%. Il y a aujourd’hui une nouvelle donne sociale, politique et programmatique dans laquelle s’inscrit le Front de Gauche. Pierre Cohen a une vision erronée de la situation.

TI : Vous discutez avec les communistes ou le dialogue est rompu ?

JCS : On discute avec les militants mais c’est plus difficile avec la direction qui préfère discuter avec le PS qu’avec nous. Les militants votent le 15 novembre prochain et j’espère qu’ils donneront une orientation qui nous rapprochera.

TI : Vous faites parti de la majorité municipale de Pierre Cohen depuis 2008, quel bilan personnel pouvez-vous tirer de cette période ?

JCS : Tout d’abord, de lutte en lutte et d’élection en élection, nous avons donné de la crédibilité à notre alternative politique. Le NPA nous a rejoint et plus de 60 000 toulousains étaient présents lors du grand meeting de Jean Luc Mélenchon place du Capitole. Concernant notre action au sein du conseil municipal, j’ai piloté 50% des politiques culturelles menées ces 5 dernières années. Cette délégation m’a permis de redéployer la culture vers les toulousains mais également au niveau international. Développement de l’Orchestre National du Capitole, création des pauses musicales, financement de la culture « non institutionnelle », valorisation de la filière des musiques actuelles ou encore la conception du Parcours Culturel Gratuit sont notamment à mettre à mon actif.

 

Propos recueillis par Guillaume Truilhé