Empreinte Vocale : « le rap peut être pédagogique et transmettre des valeurs aux enfants »

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Le trio Empreinte Vocale, composé de Messir’O, B.Boss et Gaodenzio, a lancé le pari depuis quelques années de convertir la Ville rose à un rap rassembleur et festif en le rendant plus accessible au public. Rencontre avec des « jeunes métissés » qui veulent installer durablement le rap à Toulouse.

 

Toulouse Infos : Parlez-nous de vos débuts, Empreinte Vocale, c’est avant tout une histoire d’amitié.

Messir’O et B.Boss : Oui, c’est l’histoire peu banale d’une bande de potes qui fait connaissance au collège, dans le quartier de Montaudran, et on sait dès cet instant que la musique et le rap seront les clés de notre amitié. En 2001 on crée notre groupe. Après de nombreux essais et des tâtonnements qui nous ont permis de gagner de l’expérience et d’apprendre à évoluer au sein du « rap-game », le tournant a lieu en 2006 avec la distribution au niveau régional de nos premiers titres dans de grandes enseignes culturelles comme la Fnac. Depuis, on a acquis de la notoriété et un véritable bagage. On a une vraie identité toulousaine, on gère notre musique, notre image et notre communication. On veut laisser notre empreinte et une belle image du rap.

T.I. : Comment vous définiriez vous en tant qu’artiste ? Quel est le message de votre rap ?

M.B : On a chacun notre rythme, notre histoire et notre culture. On a grandi ensemble, et c’est à trois qu’on a trouvé notre véritable identité d’artistes. Pendant nos années collège, on cherchait des rimes en puisant du vocabulaire un peu partout et on inventait même des mots.

Dans notre musique, on ne revendique pas, on n’invente rien, on rappe des moments à nous, des choses qui nous représentent et qui nous correspondent. On est ouverts sur le monde et les autres styles musicaux. On navigue entre notre base hip-hop, des dérives rock, pop, de la variété et des sons plus électro. Dans l’écriture aussi, notre mélange se travaille. Chacun dans sa partie va accrocher son morceau d’univers et poser son empreinte. Messir’O, c’est l’intime, les émotions, la sensibilité, Gaodenzio, c’est la maturité, l’écriture, le phrasé et B.Boss, c’est le côté festif et groovy.

T.I : Quelles sont vos inspirations ?

M.B : Dans nos morceaux, on parle de nos vies mais toujours avec un esprit positif et un message d’espoir. En tournage depuis quelques semaines, on s’inspire totalement de Toulouse pour nos clips (notamment le dernier en date Remember). Le choix des décors, les virées en voitures dans la ville, les photos sur les coteaux de Pech David, tout ça c’est nous, notre identité, notre inspiration.

Et puis on a tourné dans un collège de Toulouse avec la participation d’une vingtaine d’enfants, pour montrer que le rap peut être pédagogique et transmettre des valeurs aux enfants. C’était une super expérience.

T.I : D’ailleurs, vous avez « rappé dans une cour de récré » à l’occasion d’un concert donné au collège Michelet. Comment cela s’est-il fait ? Qu’avez-vous retenu de cette expérience peu banale ?

M.B : Le 26 juin dernier, grâce à la volonté du principal de l’établissement, on a pu se produire devant 500 enfants qui répétaient en cœur nos morceaux. C’était fou et on était fiers. On a pu prouver que toute forme de culture, et notamment un rap conscient et ouvert, a sa place dans les cours de récréation.

T.I : Quels sont vos projets futurs ?

M.B : Tout d’abord on a une actualité chargé puisqu’on vient de sortir le clip « On dit quoi » et le second titre « Remember ».

En septembre, on veut avoir de la visibilité grâce à 2 nouveaux titres « T’as reconnu l’accent » et « C’est ça qui est bon ».  Et nous avons déjà des contacts et des propositions avec des maisons de disques parisiennes mais nous voulons d’abord montrer qui nous sommes avant de dire avec qui on va travailler. On a notre musique, notre logo, notre image et notre identité toulousaine. On va prendre le temps de réfléchir à ce qu’on fait car on est un vrai groupe qui veut s’inscrire dans la durée. Et puis courant 2014, l’album arrivera en trombe. Ce sera explosif.

 

Propos recueillis par Alexandre Blenzar