Sanofi : Un « sursis » en attendant « la peine de mort » ?

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Arnaud Montebourg était en déplacement à Toulouse vendredi dernier pour présenter les dernières conclusions de la mission ministérielle sur l’avenir de Sanofi. 500 emplois conservés, la bannière Sanofi maintenue à Toulouse pendant 5 ans et une externalisation partielle de l’activité sont les propositions principales défendues par le rapport.

 

Il y a un an, Sanofi prévoyait un désengagement du groupe pharmaceutique dans les activités toulousaines. Un coup de tonnerre pour les 644 salariés dont la décision mettait l’avenir en suspens.

Et malgré les principales conclusions du rapport de la mission ministérielle demandée il y a quelques mois par Arnaud Montebourg, les employés qui manifestaient ce vendredi devant la Préfecture ne se font guère d’illusions. « On n’attend plus rien » déclare Carine, employée depuis 18 ans à Sanofi. Khadija, elle, veut « une solution qui reste dans le cadre de Sanofi à Toulouse ». « François Hollande a parlé d’offensive, que cela se manifeste dans les actes en sauvant les emplois qui existent » ajoute t-elle.

 

Un compromis entre Sanofi et les salariés du site

Pourtant les conclusions du rapport se veulent optimistes en planifiant la sauvegarde de 500 emplois sur les 612 actuels. Dans un premier souffle, Arnaud Montebourg rappelle le « haut degré de conflictualité entre Sanofi et les salariés » et se félicite du « compromis » amorcé par le rapport, évoquant « un dialogue social renoué » et « des avancées significatives ». « Ce que je retiens du rapport c’est la reconnaissance du travail des chercheurs Sanofi à Toulouse » déclare t-il. Les mesures phares préconisent la mise en place de « fonctions support » et « de laboratoires communs avec l’Université », mais également l’externalisation partielle de l’activité, à travers la création d’une « spin off » (entité indépendante de la société mère) et de plusieurs start-up. Mais la disposition vedette du rapport est le maintien de la bannière Sanofi à Toulouse pendant 5 ans dans un centre « d’open innovation » chargé de valider de nouveaux candidats médicaments. « 5 ans pour une deuxième chance à Toulouse » interpelle Montebourg. Un compromis entre « le désir des uns de ne rien changer et celui des autres de tout voir disparaître ».

 

Des salariés désillusionnés

A l’extérieur de la préfecture, pas de place pour l’autosatisfaction. Renée, 30 ans de boîte, accuse « une fuite en avant » qui « décale dans le temps la mobilisation des salariés ». « Le gouvernement est bien embêté avec cette affaire, ils veulent que ça se passe sans bruit » s’indigne t-il. La CFDT est plus tempérée et décèle « un peu d’espoir » dans les conclusions, mais le syndicat reste lucide. « Maintenir c’est maintenir, au delà de 5 ans. Maintenant il faut voir comment les affaires avancent ». La CGT et Sud Chimie sont moins indulgents et évoquent un « sursis » en attendant « la peine de mort ». Christian Allegre, salarié de Sanofi, ne mâche pas ses mots. « On nous propose de transformer un CDI en CDD de 5 ans, s’exclame t-il, mais le pire, c’est que c’est cautionné par le gouvernement ! On parle de la recherche pharmaceutique, c’est un scandale ». Atterré par l’énoncé des différentes propositions, il dénonce « un compromis » qui n’existe pas. « On parle d’emplois, de familles entières, de drame humain ! » termine-t-il.

 

Article de Marine Astor