Des lettres anonymes pour dénoncer des photographies de femmes dénudées

787

Depuis deux mois, la galerie Pinxit, place Saint-Etienne, à Toulouse, propose une exposition de photographies de jeunes femmes dénudées signée Guenahel Orgebin. Un « hommage » à la femme qui ne plait visiblement pas à tout le monde. En effet, la semaine passée, une lettre anonyme condamnant l’exposition a été envoyée au galeriste. La seconde depuis la mise en place du travail du photographe toulousain.

 

« L’idée même de la menace et de la violence est inacceptable! » Vincent Guiot exprimait ainsi son désarroi la semaine dernière face à la découverte d’une deuxième lettre condamnant les photographies de Guenahel Orgebin, exposées à la Galerie Pinxit, Place Saint Etienne.

Affichée sur la vitrine des lieux, la menace est virulente. L’auteur de la lettre demande le retrait de « cette affiche scandaleuse », qui « soulève l’indignation ». Mais la raison de cette tourmente semble fondée sur un amalgame entre la représentation de la femme telle qu’elle est perçue par l’artiste et la religion. « C’est un hommage, elle peut être la mère, l’épouse, l’amante » explique Vincent Guiot détenteur des locaux. Ainsi le vêtement recouvrant le visage de l’un des modèles, la poitrine dénudée, est rapproché par erreur dans le courrier au « voile de religieuse ».

Selon le galeriste, « il n’y a aucune connotation à la religion dans cette œuvre ». Or la provocation relève « du détournement des symboles religieux » précise t-il. Le Civitas, association catholique intégriste, présumé être à l’origine de ces propos, dément également toute implication. Pour Vincent Guiot, passionné d’art, le malentendu réside dans la manière dont chacun appréhende l’œuvre. « Si les gens partent avec une grille de lecture préétablie c’est compliqué de leur ouvrir l’esprit ».

 

Entre libre interprétation de l’œuvre et intimidation

L’artiste est « très beau dans le propos, original sur le plan de la photographie et des arts plastiques » éclaircit Vincent Guiot quant au choix de cette exposition. « Comme un peintre sur sa toile », Guenahel Orgebin travaille chacune de ses photographies directement sur les négatifs, utilisant agrafes et autres techniques. Même s’il accepte « la libre interprétation de l’œuvre », l’intimidation dépasse le cadre de l’échange et du respect de l’art. « Je n’ai pas à me cacher de quoique ce soit » déclare le propriétaire de la Galerie Pinxit. Alors pour tous les curieux, passionnés de photographies, ou désireux de connaître le contenu de l’œuvre, l’exposition sera ouverte au public jusqu’au 2 juin.

 

Article de Marine Astor