Molex : « Notre but est de faire qualifier le licenciement d’abusif »

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Ce mardi, la justice a encore une fois montré son soutien aux anciens Molex. Si aucune décision n’a été prise par le tribunal administratif de Toulouse, le rapporteur public a rejoint la position des salariés protégés de l’usine de Villemur-sur-Tarn en préconisant l’annulation de la décision du ministre du travail Eric Woerth d’autoriser, en mars 2010, leur licenciement.

 

Depuis plus de trois ans et demi, le combat est engagé entre les 283 salariés haut-garonnais et le constructeur de composants électroniques Molex. « Pour l’instant, toutes les procédures de justice ont été en notre faveur », affirme Patrick Fregolent, président de l’association Solidarité Molex. Pour preuve, le 7 février dernier, la Cour d’Appel de Toulouse a reconnu la maison-mère américaine Molex Inc. comme co-employeur, permettant par la même aux anciens salariés d’attaquer Molex Inc. aux prud’hommes.

Le 22 avril, la justice a donc avancé dans le sens des employés. « La décision ne sera prise que dans un mois, précise Me Pascale Benhamou. Mais ce qui s’est passé mardi est très important car le rapporteur a donné un avis favorable aux salariés. C’est une bonne nouvelle car les juges suivent souvent son avis. » Concrètement, l’audience statuait sur la décision prise en mars 2010 par le ministre du travail de l’époque, Eric Woerth, qui avait autorisé le licenciement de 23 salariés protégés (délégués du personnel, représentants syndicaux…) alors même que l’inspection du travail l’avait refusé. « Si les juges confirment l’annulation de cette décision, les salariés protégés pourront être réintégrés ou indemnisés sur la période où ils ont été illégalement écartés de leur emploi », explique l’avocate des plaignants.

« Un pas en avant », pour Maître Benhamou. Mais la lutte est loin d’être terminée. « Notre but est de faire qualifier le licenciement, qui a été dit économique, d’abusif, déclare Patrick Fregolent. On a désormais des documents qui prouvent qu’à l’époque Molex ne souffrait pas de problèmes économiques ». Et l’avocate toulousaine de renchérir : « En octobre 2010, Molex a annoncé des bénéfices records sur 2009 et 2010. L’entreprise a également été bénéficiaire en 2011 ». Pour le président de Solidarité Molex, il est nécessaire que « la justice sanctionne ce genre d’agissements. Ça pourrait faire jurisprudence et éviter que des grands groupes ferment des usines pour augmenter les dividendes de leurs actionnaires ».

Le combat continue donc. « Le 11 juillet aux prud’hommes, on va plaider sur le fond, développe Pascale Benhamou. Molex Inc. devra venir à la barre et s’expliquer ». Et même si les décisions leur sont favorables, les ex-Molex pourraient attendre encore deux ans voire plus avant de toucher les dommages et intérêts.

 

Article de Joséphine Durand