Privat : la librairie va-t-elle fermer malgré un chiffre d’affaire en augmentation ?

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Après Castéla et Virgin, c’est la librairie Privat située rue des arts au centre de Toulouse qui risque la fermeture pure et simple. Cette issue, fatale pour les 13 employés, n’est pour l’heure, pas confirmée.

 

« Nous sommes dans le flou » confie Rachid Hakhmoun, directeur de la librairie Privat. En effet, depuis vendredi,  la situation ne s’est pas éclaircie. « La CGT a déclaré sur son site internet la librairie fermée. Dans le même temps, la direction du groupe Chapitre démentait cette information ». Mais au delà de ces rumeurs, Rachid Hakhmoun est dans l’incompréhension. « La fermeture de la librairie toulousaine ne peut pas se justifier par la trésorerie. » Et de justifier son propos : «  l’activité de la librairie n’a pas faibli. Notre chiffre d’affaire a augmenté de 7% en janvier et février ». Mais pour comprendre cette potentielle décision, c’est vers les Etats-Unis qu’il faut se tourner. En effet, la boutique de la rue des arts, ouverte en 1903, fait partie du groupe Chapitre, lequel appartient à Actissi, propriété du fonds d’investissement américain Najafi. Et le groupe Chapitre étant en grande difficulté financière, la vente de trois librairies ainsi que la fermeture de douze autres établissements semble être la solution privilégiée pour contenter les américains.

 

« On lit différemment »

Pour les autres librairies toulousaines, même si ces fermetures intempestives, ont des causes différentes, la situation est inquiétante. « Il y a une lente dégradation dans la trésorerie » déplore Jean-Pascal de la librairie Terres de légendes. Son constat, il l’accompagne d’une explication empreinte de paradoxes. «  Nous proposons de plus en plus de nouveaux produits aux lecteurs. Sauf que si l’éventail de choix s’est élargi, la bourse des Toulousains, elle, n’est pas plus pleine. On est donc obligé de faire des avances concernant ces nouveautés en sachant pertinemment que les invendus seront nombreux ». A cette indigestion de livres, s’ajoutent les dépenses annexes. « Les charges en tout genre pèsent lourdement sur notre trésorerie. Si dans la vente d’un ouvrage le libraire reçoit la plus grosse part, elle est vite contrebalancée par le loyer et autres dépenses » explique Jean-Pascal. Pour Patrice de Terra Nova, « il n’y a pas réellement de crise du livre ». En effet, le gérant de cette librairie au cœur de Toulouse avoue : « Certes on lit moins. Mais surtout, on lit différemment c’est-à-dire sur tablettes ou sur les e-books. Par répercussion, cela fragilise les librairies indépendantes ».

 

Article de Nadia Hamdani