Maison d’Arrêt de Seysses : une machine à récidive ?

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Le groupe de travail « prison » des sections de la Ligue des Droits de l’Homme de Toulouse et de Colomiers-Ouest a travaillé trois ans à réaliser un rapport sur la maison d’arrêt de Seysses. Le document, d’une vingtaine de pages, s’appuyant sur des témoignages croisés, dépeint un tableau des plus négatifs de l’univers carcéral toulousain.

 

« Un détenu ne doit être privé que de sa liberté ». Thierry Ramond, membre de la Ligue des Droits de l’Homme explique ainsi : « Actuellement, les personnes en détention doivent renoncer à tous leurs droits en tant qu’êtres humains en particulier dans les maisons d’arrêts ». Le rapport est  d’ailleurs accablant. Il révèle que dans une maison d’arrêt telle que celle de Seysses, les conditions y sont déplorables voir inhumaines. « Les maisons d’arrêts réunissent des individus ayant à purger de petites peines. Elles acceptent tous les détenus ce qui conduit à une surpopulation, d’où des conditions difficiles. Ainsi, ce sont près de 800 personnes qui se trouvent à la prison de Seysses, un établissement prévu pur n’accueillir que 596 détenus. A cela s’ajoute un « traitement industriel de ces personnes ». « Une nouvelle forme de détention s’est mise en place. Elle consiste à faire passer le sécuritaire avant l’humain » déplore Thierry Ramond.

 

La réinsertion reste compliquée

« Il faut réenvisager le sens de la peine. » En effet, pour Thierry Ramond, il faut « mettre fin à cet univers de l’arbitraire et faire en sorte que la peine soit efficace ». La Ligue des Droits de l’Homme préconise ainsi la fin des quartiers d’isolement. « Isoler un détenu pendant trois jours laisse des séquelles. Il doit réapprendre à parler. Je vous laisse imaginer ce que cela donne s’il est isolé pendant quinze jours ». Face à toutes ces méthodes punitives, Thierry Ramond explique que la prison doit également aider le détenu à se réinsérer une fois sa peine purgée. « Comment permettre la réinsertion d’individus pour qui la sociabilité n’a plus de signification ? Cette manière de traiter l’individu conduit inéluctablement à la récidive ».

 

Article de Nadia Hamdani