Fin de la trêve hivernale : A Toulouse, Gezu, Guillaume et Hélène craignent l’expulsion

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Samedi 16 mars, la trêve hivernale prend fin. A cette occasion, les Enfants de Don Quichotte organisent une manifestation pour demander des logements décents pour tous et une baisse des loyers. En 13 ans, le nombre de sans abris et d’expulsions a doublé. Une menace qui pèse sur la tête de nombreux jeunes. A l’instar de Gezu, 22 ans, Guillaume, 32 ans et Hélène, 27 ans, tous trois occupants « clandestins » d’un immeuble de Saint-Cyprien laissé en désuétude par son propriétaire.

 

« Nous vous sollicitons pour pouvoir rester dans les lieux de façon légale avec un bail d’occupation précaire pour chacun d’entre nous ». Telle est la demande formulée par Gezu, Guillaume et Hélène auprès de l’agence immobilière en charge. Une lettre qui reste pour l’instant sans réponse. « Je pense que les gens de l’agence prient très fort pour qu’ils soient expulsés le 15 mars », affirme Stella Montebello, membre des Enfants de Don Quichotte. Une décision de justice doit en effet être prise ce vendredi. Avant l’arrivée d’Hélène, Guillaume et Gezu, trois appartements laissés vacants ont été occupés par d’autres « squatteurs ». Pression insuffisante, champignons, fuites d’eau, etc. une accumulation de problèmes explique le départ des anciens locataires « légaux ». Des problèmes dont le  propriétaire refuse de s’occuper et que les occupants clandestins ont géré eux-mêmes. Le propriétaire a cependant déposé plainte, demandant l’expulsion des habitants illégaux actuels et futurs. Les occupants ont alors déserté les lieux mais Hélène, Guillaume et Gezu ont tout de même décidé de s’installer.

« Le jour du passage des huissiers, les anciens habitants ont spécifié oralement qu’ils voulaient bien payer une contribution, explique Hélène. Mais aucune suite n’a été donnée. Donc nous, on l’a fait par écrit et en recommandé ». Les trois jeunes veulent surtout ne pas être considérés comme des squatteurs. « Des tas de logements sont vides depuis des années et pourraient servir contre des loyers symboliques », affirme Hélène. Et d’ajouter qu’ils font en sorte de ne pas transformer l’immeuble en squat : « on a chacun notre appartement, chacun nos clés. C’est chacun chez soi. On a même viré beaucoup de gens qui ont essayé de squatter… ». Hélène, Guillaume et Gezu « veulent rebondir plutôt que d’être baladés de centres en centres », explique Isabelle Bricaud, des Enfants de Don Quichotte.

D’autant que ces centres d’hébergement n’offrent pas toujours les solutions adéquates. « Ils ne proposent de nous accueillir que la nuit et les chiens ne sont pas admis, s’attriste Hélène. Et la journée, si on veut essayer de s’en sortir, on fait comment ? Ici, on peut envoyer des CV, tenter de trouver un emploi. » Guillaume confirme que le travail est leur objectif premier : « Si tu n’as pas de travail, tu n’as pas de logement. Si tu n’as pas de logement, tu n’as pas de travail. C’est un cercle vicieux ».

Face à cette situation qui risque de s’empirer avec la fin de la trêve hivernale, les Enfants de Don Quichotte précisent qu’il existe pourtant des solutions. Notamment la circulaire Duflot-Valls du 26 octobre 2012. La ministre de l’égalité des territoires et du logement y signifie que les forces de l’ordre ne peuvent plus expulser les bénéficiaires du droit au logement opposable. « Une circulaire qui n’est malheureusement pas respectée, assure Isabelle Bricaud. Pourtant, ça coûte très cher à l’Etat de faire intervenir les forces de l’ordre ». Alisson Bouvet, également membre de l’association, s’indigne quant à elle de la bataille juridique à laquelle doivent faire face ceux qui veulent obtenir des logements sociaux : « les dossiers ne sont pas suivis, le relogement ne se fait pas. Quand on vient de la rue, sans accompagnement, c’est un combat qu’on ne peut pas faire ».

 

Article de Joséphine Durand