Toulouse : « Ils ont menacé de nous frapper si on ne partait pas »

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Depuis le 18 Novembre, le CREA a réquisitionné une maison au 159 Chemin de Lapujade. Actuellement occupé par 7 personnes, cette bâtisse fait  l’objet d’une guerre larvée entre le propriétaire Jérôme Ducros et les squatteurs. Ces derniers, sous le coup d’une expulsion, accusent le célèbre promoteur toulousain d’avoir voulu les déloger par la violence et d’avoir des projets immobiliers inappropriés pour le quartier.

 

« Nous ne sommes pas des occupants sans droits ni titre puisque le 26 janvier 2012, Monsieur Ducros nous a dit qu’un accord était possible si on laissait visiter à d’éventuels acheteurs et si nous assurions l’entretien du jardin. Le lendemain nous avons appelé maître Ferreira, son avocat et nous avons accepté le principe de cet accord » explique Fouad, squatteur de la bâtisse. Pourtant, Jérôme Ducros, gérant de la SCI Lapujade a entamé une procédure d’expulsion contre  les squatteurs devant le Tribunal de Grande Instance pour occupation illicite. « En droit  français quand on accepte une proposition, il y a un contrat de fait » s’insurge Fouad qui ne comprend pas la démarche du propriétaire. Sophie Ferreira, l’avocate du promoteur, donne quelques explications. « Monsieur Ducros a accepté par le passé de faire des conventions d’hébergement à titre gratuit pour des familles dans le besoin. Dans ce cas précis, il y a eu des pourparlers mais aucun accord n’a été trouvé. Et quand mon client a compris qu’il y avait des associations avec des  revendications politiques derrière tout ça, il s’est senti trahi » déclare-t-elle.

 

Des méthodes en question

Si les deux parties s’opposent sur le contenu de cet « accord oral », c’est surtout les « méthodes utilisées par le propriétaire » qui sont mises en cause par les squatters qui auraient subi des intimidations et des menaces. « Plusieurs fois, des gens qui se disaient envoyé par Monsieur Ducros ont menacé de nous frapper si on ne partait pas. J’ai enregistré des menaces téléphoniques, nous avons des photos des plaques d’immatriculations de leur voiture et nous avons produit des témoignages que nous avons donnés à la police et à notre avocat » indique Fouad. Dans le quartier, on prêterait aussi au promoteur des méthodes particulières. Les anciens propriétaires se sentiraient floués car la maison avait été achetée au départ par  l’épouse de Monsieur Ducros qui l’aurait revendue à la société du promoteur. Des faits rapportés par le CREA et que conteste maître Ferreira. « Ils veulent déplacer le débat sur un autre terrain pour mettre en suspens tout un projet immobilier de 14 logements. Mon client avait même proposé aux anciens propriétaires de racheter leur bien, mais une fois qu’ils ont empoché le pactole ils n’ont pas voulu. » termine maître Ferreira.

Une première fois reportée le 11 janvier dernier, l’audience a été reportée vendredi dernier. Le verdict a été mis en délibéré.

 

Pierre-Jean Gonzalez