Tabac : un produit de « luxe » qui attire les délinquants

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Réunis à Toulouse ce mardi, les buralistes de Midi Pyrénées déplorent une dégradation de leur activité. Les hausses de prix, l’insécurité, le marché parallèle et la vente sur internet constituent les principaux freins à leur maintien dans notre région.

 

Avant la hausse des prix prévue pour juillet, la confédération des buralistes tire la sonnette d’alarme  sur l’effet pervers de cette pratique. « En Midi Pyrénées on a enregistré 10 % de fermetures depuis  la hausse des prix de 40% décidée en 2003. L’augmentation des prix du tabac engendre de fait une croissance du marché parallèle. En 2003, il représentait 3 %, 10 ans plus tard on en est à 21%  » constate Gérard Vidal, président de la fédération Midi-Pyrénées. Un effet papillon que les détaillants toulousains observent au quotidien. « Cela fait 20 ans que je suis au Faubourg Bonnefoy, à chaque progression des prix, les clients migrent vers l’Andorre ou l’Espagne qui sont frontaliers. Au départ cela concernait principalement l’Ariège, maintenant ça s’est propagé jusqu’à Toulouse » constate Yves Benahamou. Malgré lui, le tabac est devenu l’objet de convoitises, un produit de « luxe » qui attire les délinquants. « Depuis la nouvelle augmentation du 6 octobre dernier, on compte 12 braquages très violents à Toulouse. Ce ne sont plus des voitures béliers la nuit mais des violences à l’ouverture ou à la fermeture des commerces » regrette Gérard Vidal.

 

Internet, un marché fumeux

L’achat de cigarettes sur la toile pourrait devenir le nouveau fléau des buralistes français, avec, en point de mire, les pays de l’est. « Chez moi en Bretagne de plus en plus de colis de cigarettes venus de Pologne passent entre les mailles du filet. Il faudrait donner les moyens à la poste de mieux faire son travail » souligne un débitant breton. Pascal Montredon, président national de la confédération des buralistes déplore que « personne ne parle d’internet qui est le nouvel eldorado des trafiquants. Un peu comme les médicaments, il suffit de taper sur un moteur de recherche ‘achats de cigarettes’, vous seriez impressionné par le nombre de sites qui existent ». D’après une mission parlementaire de 2011, la fraude sur les cigarettes coûterait au total 3 milliards d’euros par an à l’état.

 

Pierre Jean Gonzalez