Diane 35. Pour Gérard Bapt « le danger est sans doute plus grand » que pour le médiator

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Après des plaintes déposées en justice, le système sanitaire français de la sécurité médicamenteuse semble découvrir le danger des pilules de 3ème et 4ème génération. Des risques thromboemboliques doublés par rapport aux précédentes. D’après l’Agence nationale de sécurité du médicament (Ansm) 4 décès sont directement imputés à la pilule Diane 35. Entretien avec Gérard Bapt, député de Haute-Garonne et membre de l’Ansm.

 

Toulouse Infos : Qu’est ce que la pilule Diane 35 ?

Gérard Bapt : Diane 35 n’est pas sur le marché français à visé contraceptive mais pour l’acné. Elle est pourtant dans plus de 90 % des cas utilisé comme telle. Les prescriptions sont donc hors AMM (Autorisation de Mise sur le Marché). Une situation qui oblige le laboratoire à le signaler et à prendre des initiatives pour le réduire.

TI : Pourquoi  la pilule Diane 35 est-elle toujours sur le marché ?

GB : En urgence un état peut suspendre la mise sur le marché d’un médicament mais il faut que ce soit ensuite validé par l’autorité qui lui a délivré l’autorisation, en l’occurrence l’autorité européenne. De leur coté les laboratoires peuvent faire des recours et obtenir des pénalités compensatoires. S’il est donc compliqué de la retirer, je pense que l’on devrait la suspendre.

TI : Le système de surveillance français est-il assez draconien ?

GB : A l’évidence le système de pharmacovigilance est insuffisant puisque quand on a fait une revue des notifications existantes sur la base de données nationale de l’agence qui remonte à des années et des années, on s’aperçoit que très très peu de déclarations d’accidents ont été faites. On est sans doute à seulement  5 % du niveau des accidents qui auraient du être déclarés.

TI : Le laboratoire doit-il être sanctionné ?

GB : Il faut sanctionner le laboratoire qui avait le devoir de signaler le mésusage et de prendre des initiatives pour le limiter, ce qu’il n’a pas fait à l’évidence. Le laboratoire se retranche désormais derrière la notice, qui est illisible, et derrière les autorités sanitaires qui ont laissé ce produit sur le marché, ce qui est exact. Je regrette que le système dans son ensemble ait été si peu réactif aux efforts de cette association qui, en désespoir de cause, a déposé une plainte pour être entendue

TI : Après le scandale du médiator assistons-nous à celui de la pilule ?

GB : Les études actuelles faites par les hôpitaux et l’assurance maladie devraient montrer que les dégâts sont loin d’être négligeable. C’était déjà le cas pour le médiator et en ce qui concerne la pilule le danger est sans doute aggravée par le fait qu’en France on prescrit beaucoup en matière contraceptive la pilule par rapport aux autres moyens de contraception.

TI : Les Médecins sont-ils fautifs ?

GB : Souvent les médecins n’ont pas le temps d’aller voir les sites des agences, ils n’ont pas non plus  le temps d’aller voir les études scientifiques dans les publications en langue anglaise. Souvent l’information qui leur parvient c’est le marketing des laboratoires et puis c’est la voix de certains leaders d’opinions qu’ils peuvent entendre au travers  la presse médicale ou au travers des colloques.

 

Propos recueillis par Pierre Jean Gonzalez