Droit des migrants: « On est toujours dans une logique de chasse aux sans-papiers »

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En fin d’après-midi, une manifestation pour la régularisation des sans-papiers a lieu à 17h30 sur la place Esquirol. Dans le cadre de la Journée Internationale du Droit des Migrants, nombre de syndicats, d’associations et de partis politiques viennent à l’appel du Collectif Migration 31 donner de la voix. Un rassemblement qui se tient peu après la parution d’une nouvelle circulaire sur les conditions d’admission de séjour sur le territoire français. Le fil rouge est tout trouvé.

 

Mention insuffisante pour le dernier texte du Ministère de l’Intérieur. Emis le 28 novembre dernier et en vigueur depuis le 3 décembre, celui-ci aurait vocation à assouplir des critères d’admissibilité jugés trop stricts par la nouvelle majorité. Mais le document peine à convaincre les militants. Parmi-eux ce soir, des partisans du Front de Gauche, du NPA et d’Europe Ecologie les Verts. Mais aussi de nombreuses organisations ou associations comme Act’up, La ligue des Droits de l’Homme, Attac, La Cimade et bien d’autres. Une foule de signataires hétéroclite, mais qui se rejoignent sur la question de la fameuse circulaire. « Elle présente des améliorations, mais reste soumise aux décisions arbitraires des préfectures. Celle de Toulouse est particulièrement dure en ce qui concerne la régularisation des sans-papiers, quand bien même ils travaillent depuis longtemps » dénonce Michel Labbé, représentant du Collectif Migration CGT31. « Une circulaire qui reste encore hyper-floue » appuie Pierre Grenier, membre de l’association Cimade, qui développe son propos. « Rien n’a changé. On est toujours dans la même logique de quotas et de chasse aux sans-papiers. Cette loi comme la précédente laisse une place énorme à l’appréciation des préfectures sur la question du séjour. Cela induit des différences de traitement importantes selon les personnes ».

 

« On se mord un peu la queue »

La régularisation de tous les sans-papiers, certains en sourient. D’autres l’envisagent comme la seule et unique manière de régler le problème. Pour le Collectif Migration CGT31, le cas des travailleurs ne peut en tout cas y déroger. « De toute façon, ces gens sont ici et travaillent illégalement. Il faut admettre qu’ils existent. Souvent, ils sont utilisés par des employeurs indélicats qui ne les déclarent pas. De fait, on se mord un peu la queue » déplore Michel Labbé, qui veut bien consentir à la régularisation globale à condition d’une procédure « organisée et contrôlée ». Pour Pierre Grenier, la manifestation de ce soir est « l’occasion pour un collectif unitaire de rappeler le sort réservé aux sans-papiers ». Un mouvement de rue qui devrait mobiliser beaucoup de monde, compte-tenu de la sensibilité du sujet et du nombre de signataires. « Il risque d’y avoir pas mal de monde car beaucoup d’associations participent » prévoit le collectif cégétiste. « Nous nous réunirons place Esquirol puis nous marcherons jusqu’à la préfecture afin de rencontrer Henri-Michel Comet. Le cas échéant, nous aviserons, rien n’a été décidé pour l’instant ».

 

Christophe Guerra