« Toulouse devient la capitale des rendez-vous manqués »

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Vendredi, le budget 2013 sera soumis au vote lors du dernier conseil municipal de l’année. A l’aube de cette ultime tablée, le groupe d’opposition Toulouse Métropole d’Europe a tenu hier un point presse pour marquer ses positions. Urbanisme, transports, sécurité, emploi, les sujets brulants ne manquent pas. Pour Marie Déqué et les siens, c’est avant tout le rayonnement et l’envergure de la ville qui suscite les plus vives inquiétudes. Le groupe, qui ne cache pas son ambition de reprendre le Capitole aux élections municipales, veut inverser le déclin. Il dévoile aussi ses stratégies de reconquête.

 

La dernière conférence de presse de Toulouse Métropole d’Europe datait de septembre dernier. A quelque chose près, force est de constater que le propos n’a quasiment pas bougé d’un iota. « Toulouse n’avance pas ». Systématisme d’un discours ? Les faits, le dossier rejeté de Francazal en tête, semblent contrer cet argument. « Nous regrettons ce raté. Heureusement qu’un appel d’offre est renouvelé pour l’année 2013. Il faut à tout prix que ce projet formidable soit relancé » alerte la présidente du groupe, la tonitruante Marie Déqué. Autre « raté » objectif pour la Ville rose, sa non-retenue comme « Eurométropole » à contrario d’autres grandes villes françaises comme Lille ou Marseille. « Nous avons de quoi être considérés comme une métropole européenne. Il est inenvisageable que Toulouse, pôle aéronautique et spatial majeur, ville écologique et porteuse d’emploi, ne soit pas intégrée à cette liste. Le critère démographique ne doit pas être déterminant » s’étrangle la présidente. « Ne pas être retenus comme métropole européenne alors que nous en avons tous les atouts serait un échec. J’en ai assez que Toulouse soit la capitale des rendez-vous manqués » peste René Bouscatel, figure de l’ovalie locale. François Chollet s’inquiète aussi de la situation de l’Oncopôle, toujours orphelin d’un chef de file. « Un patron au centre est fondamental pour assurer une coordination forte. Et ce n’est pas un hasard si ce poste n’a pas été pris » avance t-il. « On a monté une offre vide de sens. C’est un poste public qui n’a pas le pouvoir de recruter, d’allouer l’espace ou de gérer l’argent de la recherche. En d’autres termes, qui n’a aucune capacité d’agir » se navre le praticien hospitalier, qui hausse le ton. « Ce poste est un véritable scandale! Je le dis, ceci est une faute dont tout le monde est complice ». Mêmes déceptions concernant les projets de la Maison Giscard, de Dieuzaide, du Château de la Reynerie ou encore de l’acquisition de la prison Saint-Michel. Par ailleurs, le groupe a d’ores et déjà indiqué qu’il ne voterait pas le budget 2013. Un désaccord portant sur les dépenses de fonctionnement « qui filent au niveau de l’agglomération et de la ville et qui vont forcément entraîner une augmentation des impôts ».

 

La piste d’une « bannière centriste » aux municipales

Si certains échecs et hausses fiscales devraient laisser quelques traces sur la confiance des toulousains, battre le maire sortant Pierre Cohen ne s’annonce pas facile pour autant. D’autant plus lorsqu’on regarde l’échiquier droite-centre de plus haut. Une sorte de puzzle force 4. En septembre dernier, Toulouse Métropole d’Europe avait placé Christine de Veyrac comme l’une des possibles têtes de liste pour mener la bataille des municipales. Mais la responsable politique a depuis joué la carte du mercato direction l’UDI, ce qui peut compliquer la mission. Jean-Luc Moudenc avait lui aussi été évoqué comme chef de file potentiel, avec plus de réserves au vu d’un historique bien connu. Mais fort d’un premier mandat de maire et seul député de droite en Haute-Garonne, difficile pour Déqué et consorts de composer sans l’incontournable. Pour René Bouscatel, un vaste rassemblement est impératif. « Pour avoir une chance de faire passer nos ambitions, il faut constituer une liste large. Dans un affrontement frontal PS/UMP, je crains que nous perdions » lâche l’homme. « Il va se construire à Toulouse une liste avec des sensibilités voisines. Une tête de liste ne doit pas se décréter elle-même, elle doit émerger ». Marie Déqué, qui souhaite « transformer un vote-sanction en vote-adhésion », détaille le plan. « Nous avons le souci de constituer la meilleure équipe possible, avec un tiers de centristes, un tiers UMP et un dernier tiers issu de la société civile ». Un projet ambitieux qu’un claquement de doigts ne saurait concrétiser. « Nous sommes conscients qu’avec Christine de Veyrac, Jean-Luc Moudenc et leurs équipes, il faudra nous mettre tous ensemble autour d’une table. Nous sommes aussi convaincus qu’une bannière centriste serait la plus apte à représenter ces trois familles ». Des discussions qui s’annoncent longues pour une opposition pas encore rassemblée. Il lui faudra surement jouer le compromis et accélérer le processus. « On ne peut manquer un rendez-vous qu’un certain nombre de fois » dit l’adage. Ce n’est certainement pas Toulouse Métropole d’Europe qui dira le contraire.

 

Christophe Guerra