Notre-Dame Des Landes: les tags anti-aéroport de Toulouse divisent les opposants

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Depuis une semaine, la grogne envers le projet de l’aéroport nantais de Notre-Dame des Landes enfle aux quatre coins de la Ville rose. Après la fédération du Parti Socialiste et le concessionnaire immobilier Vinci, l’Hôtel-Dieu de Toulouse a lui aussi été victime de mystérieux taggeurs. De grandes lettrines clamant « Non à l’AyraultPorc », qui ont suscité l’indignation du maire de la ville. Chez les hostiles locaux aussi, la méthode ne fait pas l’unanimité.

 

L’atteinte à la façade de l’Hôtel-Dieu, bâtiment classé et emblématique de la Ville rose, est la provocation de trop pour les autorités locales. Le fond dérange finalement peu, mais manifestement la forme irrite. « Je respecte les convictions de chacun, mais elles n’autorisent en rien ce genre de pratiques qui dégradent de manière irresponsable le patrimoine toulousain » fulmine Pierre Cohen, pas d’humeur à jouer du pinceau. Un sentiment navré partagé par le groupe local Europe-Ecologie Les Verts. « Nous ne pouvons approuver le fait d’abimer un environnement pour en défendre un autre. Nous condamnons ces graffitis tout comme nous condamnons les violences policières à l’encontre des personnes opposées au projet » explique Cécile Péguin, porte-parole d’EELV31. D’autres ne voient pas ces bombages de peinture du même oeil. C’est le cas de Frédéric Boutet, citoyen toulousain et soutien affiché du collectif Zone à Défendre (ZAD). « Je n’ai rien à condamner. Un tag ce n’est rien, juste une inscription sur un mur » défend l’homme, qui précise s’exprimer uniquement en nom propre. « Je soutiens publiquement les gens qui résistent à ce projet d’aéroport. Quand le gouvernement viole les droits du peuple, il est de son devoir le plus indispensable de se réveiller. C’est un principe inscrit dans la Déclaration des Droits de l’Homme » justifie-t-il. « La soi-disante légalité consiste-t-elle à frapper des gens et leur balancer des grenades lacrymogènes ? Comment est-ce possible ? Est-ce cela l’aboutissement d’un processus démocratique ? » questionne-t-il encore.

Qui, comment et pourquoi?

Outre l’indignation, les dernières inscriptions au siège des hôpitaux de Toulouse sont surtout sources d’interrogations. Elles étaient absolument imprévisibles, aux contraires des précédentes façades ciblées. La fédération locale de gauche a sans nul doute payé l’addition pour le Premier ministre socialiste, qui soutient la réalisation aéroportuaire. Les messages peints sur les locaux de Vinci rue de Metz semblent directement liés à l’implication du concessionnaire dans le projet nantais. Ceux de l’Hôtel-Dieu côté Garonne, quant à eux, laissent infiniment plus perplexes. « Je pense que c’était plus pour le défi, le côté exploit. A part le fait que cela soit très visible, je ne vois pas d’autres explications. En tout aucune qui soit liée à l’établissement même » avance Cécile Péguin. Il est également légitime de se demander pourquoi la contestation nantaise gagne Toulouse dans de telles proportions. A priori, rien ne relie objectivement les deux villes, par ailleurs très éloignées géographiquement. « Je me rappelle qu’à une époque, il était question d’un second aéroport à Toulouse. La mobilisation avait été très forte à ce moment-là. Mais visiblement, elle touche toutes les communes de France » disserte l’écologiste. Une impression confirmée par Frédéric Boutet. « A Nantes, nous nous sommes retrouvés entre vingt et quarante mille manifestants. Certains venaient du Vaucluse, de Corse ou d’ailleurs » complète l’homme. Une marche, organisée jusqu’à Nantes depuis Nice, passera par Toulouse le 4 janvier prochain. En attendant, le maire devrait envoyer incessamment sous peu une équipe nettoyer les acryliques de la discorde.

Christophe Guerra