Studios de cinéma à Francazal: « un projet viable, fiable et sans équivalent en Europe »

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Vendredi dernier, l’épais dossier des Studios Raleigh de Toulouse Francazal a été déposé à la préfecture. L’avenir de ce gigantesque complexe cinématographique sur le site de l’ancienne base aérienne, aujourd’hui démilitarisée, se dessine. Il est désormais entre les mains des décisionnaires de l’Etat. La construction de ce pôle filmique faramineux, qui depuis un an et demi oscille entre engouement et scepticisme, pourrait ainsi débuter dès 2014. Toulouse Infos vous expose ses grands contours.

 

Enfin. Le dossier est dans la boîte, déposé à l’extrême limite du délai autorisé. Un timing à l’image d’un projet pharaonique scrupuleusement millimétré, qu’il a fallu peaufiner jusqu’aux ultimes instants. Nombre de dubitatifs, parmi lesquels des élus et des professionnels de l’audiovisuel, y avaient vu les signes d’un péplum somme toute irréalisable. Avec l’idée que la juxtaposition avec l’aérodrome, l’absence de ligne à grande vitesse entre Toulouse et Paris ou encore la situation géographique du site ne donnaient pas au grand studio son critère de faisabilité. Bruno Granja, directeur de Studio Toulouse Francazal, balaie ces arguments. « J’ai lu des commentaires assez surréalistes. L’appel d’offre a été diffusé le 30 juillet. Je n’allais pas déposer le document en septembre alors que la date butoire n’était que le 30 novembre. Personne ne laisse trainer un dossier d’une telle importance pendant un mois dans les tiroirs d’une préfecture, c’est absurde ». Quant aux difficultés logistiques qui pourraient laisser perplexes, l’instigateur les décrit minimes. « La proximité avec l’aérodrome ne pose pas de problèmes puisque nous ne sommes pas sous le cône aérien. Et puis ici, ce n’est pas Blagnac. Des techniques d’isolation du son existent » rétorque le cugnalais, avant de considérer la question locale. « Depuis que le projet a été annoncé, force est de constater que les tournages dans la région se sont sensiblement multipliés. Les producteurs sont prêts à descendre. Nous avons déjà établi des contacts avec eux. De plus, Midi-Pyrénées dispose d’un bon vivier de professionnels du cinéma ».

 

Machine de guerre

Neuf studios de 1000 à 3500 mètres carré, des espaces de tournages extérieurs, un accès ouvert au public sans compter tout l’attirail technologique nécessaire à la production. Les studios de Toulouse Francazal ne font pas dans la demi-mesure. La construction de la partie professionnelle du site, qui occupe deux tiers de la zone totale, coûte à elle seule quatre-vingt-millions d’euros. Le prix du foncier, objet principal de l’offre déposée, est pour l’heure tenu secret au même titre que le nom des investisseurs. Mais là encore, des gros chèques sont en jeu. « Pour obtenir des tournages, il faut être compétitifs. Nous sommes aujourd’hui en mesure de l’être, en France comme à l’étranger » défend Bruno Granja, qui prédit également une aubaine pour le marché national. « En France, il y a un besoin d’espaces de tournages. Ce que regarde un producteur en dernière instance, c’est où il pourra tourner avec les coûts les plus bas. Beaucoup de grosses productions françaises sont tournés à l’étranger et obtiennent des subventions » confie l’homme. « C’est en somme de l’argent français dépensé hors de l’hexagone. Nous, nous tournons ici, nous ne demandons aucune subvention à l’Etat ou aux collectivités » rassure t-il. « Nous allons attirer les productions. Notre projet est viable, fiable et sans équivalent en Europe ». Il faut dire qu’avec vingt-cinq hectares en surface, les plateaux de tournage Toulouse Francazal et leurs à-côtés écraseraient toute concurrence. A titre de comparaison, ils seraient en surface quatre fois plus vastes que le grand studio estampillé Luc Besson, à Paris.

 

Un tremplin économique

5 000 postes directement générés par l’arrivée des studios, plus 5 000 autres indirects (hôtellerie, restauration, entretien etc..). Ce sont aujourd’hui les perspectives chiffrées que la réalisation du complexe introniserait en terme d’emplois. Parmi eux, une équipe de technicien sera formée aux bons soins de l’exploitant numéro un mondial Raleigh. Un véritable monstre de l’industrie audiovisuelle, puisque rien moins que Disney, Warner Bros ou encore Universal Pictures constituent sa clientèle. Pour le reste, le staff devrait émerger du bassin local. « Les choses vont monter en puissance » s’enthousiasme Bruno Granja. « Les équipes seront formées et resteront sur place. Le tournage d’un long-métrage mobilise entre 300 et 400 personnes. Tout ce monde ne va pas débarquer ici en un coup de Boeing. Les emplois profiteront avant tout à la région » assure le passionné. Désormais, le dossier Granja-Raleigh n’a besoin que de l’aval de l’Etat français pour assurer son lancement. Celui-ci, qui ne dépend pas des marchés publics, peut faire son choix sans même le justifier. Mais pour l’intéressé, une validation ferait montre de cohérence. « Notre projet correspond exactement aux attentes du gouvernement: made in France, réindustrialisation, emploi, culture, social. A lui de prendre ses responsabilités » décoche t-il d’un sourire espiègle. Car il faut bien comprendre les enjeux d’une telle décision. Si feu vert était donné, c’est l’industrie cinématographique française entière qui pourrait changer d’envergure. Et la région Midi-Pyrénées qui prendrait définitivement une tout autre dimension.

 

Christophe Guerra