Pollution atmosphérique: « on respire plutôt bien en Midi-Pyrénées »

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Hier se tenait à Toulouse comme partout en France les premières Rencontres Internationales « Air-Climat-Santé » initiées par le Ministère de l’Ecologie. Avec le Conseil Régional et la Fédération Atmo France, l’Observatoire Régional de l’Air en Midi-Pyrénées (ORAMIP) interpelle les citoyens sur la question de la pollution atmosphérique. Une nuisance sous-estimée, puisqu’ invisible. Pourtant, elle affecte chaque année la santé de millions de personnes dans le monde et de milliers en France.

 

42 000 décès chaque année en France seraient dus aux dépassements de seuils en micro-particules. Autrement dit, à une mauvaise qualité de l’air respiré. Ce chiffre, attesté par l’Organisation Mondiale de la Santé, peut faire frémir. D’autant que la croissance démographique, la hausse globale des trafics automobiles et l’industrialisation toujours plus massive n’encouragent guère à l’optimisme. Le bilan 2011 du Ministère de l’Ecologie expose un diagnostic plus inquiétant encore. Selon l’étude, douze millions de français auraient vécu cette même année dans des zones ne respectant pas les seuils atmosphériques de micro-particules. « C’est peut-être une banalité, mais chacun a le droit de respirer un air qui ne soit pas néfaste pour son organisme » martèle Régine Lange, présidente de l’Oramip et de l’Atmo. « Le rôle de ces assises est d’alerter les citoyens et de leur faire comprendre l’importance de ne surtout pas rater le coche pour les années à venir. Il y a des mesures urgentes à prendre » complète-t-elle. Pour Sylvia Medina, de l’Institut de Veille Sanitaire, les impacts d’une mauvaise qualité de l’air sur la santé ne peuvent être ni négligés ni tus. « Depuis quelques décennies, la pollution a changé de nature. Aujourd’hui, elle est principalement liée aux automobiles et aux chauffages » explique l’experte. « Une diversité d’actions locales est nécessaire, car c’est là que les émissions de particules et de polluants sont les plus contrôlables. Même les personnes en bonne santé encourent un risque à long terme. Avec la même certitude que l’on parlerait du tabac, il faut prendre conscience que la pollution de l’air tue ». Transports en commun, réduction du diesel ou encore énergies renouvelables, de multiples pistes restent à explorer.

 

« On respire plutôt bien dans la région »

La Ville rose faisait partie il y a huit ans des neuf villes examinées à la loupe par l’Institut de Veille Sanitaire. Pour la période 2004-2006, l’instance avait mené une étude très fouillée sur la qualité de l’air et les particules fines. Ces années-là, Toulouse se classait plutôt bien. Avec 14 micro grammes par mètres cube, l’air de la commune était le moins nocif des huit autres municipalités. Mais ce chiffre, puisque supérieur à la norme européenne de 10µg/mètre cube, ne peut néanmoins satisfaire. A supposer qu’il ait été ramené à ce seuil, Toulouse aurait gagné en moyenne quatre mois annuels d’espérance de vie en plus. Soit, durant cette période, près de huit hospitalisations évitées et de sept décès différés chaque année. Pour Gilles Pépien, inspecteur au Conseil Général chargé de l’environnement, la Cité des Violettes pourrait mieux faire. « La mobilité toulousaine est très dépendante du métro, où la pollution à l’intérieur d’un tunnel est énorme. L’idée du tramway en surface est bonne, car cela prive la voiture d’un peu d’espace. Il faut aller plus loin. Lyon est arrivé à réduire la part de l’automobile dans son trafic à 47%. Si Lyon peut le faire, Toulouse aussi » pousse t-il. Mais la Ville rose reste toujours prisonnière de ses rocades et d’un trafic routier toujours plus dense. C’est pourquoi en 2014, Toulouse aura fait installer en douze ans pas moins de cent nouvelles voies ferroviaires. « Lors du budget 2013, je proposerai la mise en place de vingt autorails supplémentaires. Nous sommes tous concernés depuis longtemps. On peut quand même dire aujourd’hui que l’on respire plutôt bien en Midi-Pyrénées » conclut Martin Malvy, président du Conseil Régional. De quoi inspirer de nouveaux efforts. Lorsque les travaux du tramway seront achevés, la ville devrait se donner un nouveau bol d’air frais.

 

Christophe Guerra