UMP: Jean Luc Moudenc ne « rejoindra pas le groupe Fillon »

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Voilà presque deux semaines que l’élection du président de l’UMP fait la une de l’actualité, avec chaque jour, ces déclarations acerbes qui laissent les militants perplexes. Derniers rebondissements en date, l’accord de principe des deux camps sur l’organisation d’un référendum ainsi que la création d’un nouveau groupe parlementaire initiée par François Fillon. Cette dernière n’est-elle qu’une brèche de plus ou bien la fissure de trop ? Quelles répercussions sur les fédérations locales ?  Jean-Luc Moudenc, président de l’UMP 31 et député de la Haute-Garonne, livre son diagnostic.

 

Toulouse Infos: « Un deuxième groupe parlementaire nommé « Rassemblement pour l’UMP » vient d’être crée. Avez-vous l’intention de siéger dans ce nouveau groupe ?

Jean-Luc Moudenc: Non. Je suis dans la même ligne qu’Alain Juppé. Comme tous les non-alignés qui avaient choisi de ne prendre parti pour aucun des candidats, je ne rejoindrai pas ce groupe. Je reste dans le groupe UMP initial en conservant une totale liberté d’expression et de vote. Cette création n’est pas une bonne chose. Elle aggrave la division.

 

T.I: La médiation tentée par Alain Juppé n’était-elle pas vaine dès le départ ?

J-L.M: J’avais placé beaucoup d’espoirs dans cette tentative. Je pensais sincèrement qu’elle pouvait aboutir et il fallait bien essayer quelque chose. Porter l’affaire devant les tribunaux n’est pas une solution. Je considère qu’il est préférable de laver son linge sale en famille. Par son action raisonnable et positive, Alain Juppé a servi l’intérêt général de manière désintéressée. Dommage que les conditions exprimées n’aient pas été acceptées par Jean-François Copé.

 

T.I: Les deux candidats ont donné un accord de principe pour organiser un référendum, dont les résultats pourraient donner aux militants la possibilité de revoter. Etes-vous favorable à cette initiative ?

J-L.M: Oui, c’est un moyen de sortir de la crise. C’est quelque chose qui doit être essayé. Il est manifeste que nous ne pouvons débloquer la situation par l’intermédiaire des seuls statuts ou de la seule commission. Le fait que les deux protagonistes aient donné leur consentement redonne une lueur d’espoir.

 

T.I: Dans l’hypothèse où ce référendum tomberait à l’eau, quelles seraient pour vous les issues possibles ?

J-L.M: La solution qui me parait la meilleure serait d’acter dans un premier temps la validation des bureaux de votes non-contestés. Dans un second temps, de remettre en jeu le scrutin là où il y a eu litige, ce qui représente à peine cinq pour cents des bureaux de vote. Il s’agirait d’un scrutin limité, simple à mettre en place. C’est une idée que je ne partage pas seul.

 

T.I: Quel sentiment éprouvez-vous devant cette fracture ouverte à l’UMP ?

J-L.M: Je suis triste, révolté. Je vis cela comme n’importe quel électeur. La mobilisation extraordinaire des militants était un signe puissant. Je suis atterré de voir que ce sont des dirigeants et des responsables qui ont anéanti cet effort. Mais il convient de rester calme et objectif. A l’heure actuelle, la scission n’est que parlementaire. Comme toute crise, les choses vont se remettre en ordre et les différents courants en marche. Je crois profondément que les idées survivent aux hommes.

 

T.I: Cette crise a-t-elle affecté la fédération de la Haute-Garonne ?

J-L.M: Il y a eu des tensions entre les équipes. Ceci dit, les résultats régionaux n’ont fait l’objet d’aucun recours de la part des deux camps. Conformément à la position que j’avais prise, je me suis efforcé de faire passer des messages d’apaisement et de retenue. Laurence Arribagé a tout à fait secondé cette démarche. Aujourd’hui, la fédération UMP de Haute-Garonne est épargnée par le séisme parlementaire. Je ne peux que remercier les uns et les autres d’avoir compris qu’il ne fallait pas que les querelles parisiennes se prolongent ici.

 

T.I: L’unité de la droite toulousaine était-elle menacée ?

J-L.M: J’ai toujours dit depuis le début de la compétition que je ne voulais pas que l’UMP local en revienne déchiré comme nous l’avions trouvé en 2010. Je savais que ce scrutin était à haut risque. Je vais à Paris chaque semaine où je côtoie les plus hauts responsables. J’ai pu avoir des informations de première main qui m’ont fait comprendre dès le départ que l’affrontement Fillon-Copé serait rude. C’est pourquoi j’ai délibérément choisi de ne pas prendre parti. Je n’ai pas voulu prendre le risque de raviver des tensions. C’est parce qu’on a eu cette attitude de prudence et que les partisans locaux se sont montrés responsables et que le climat est resté apaisé.

 

T.I: Imaginons un scénario catastrophe, l’éclatement de l’UMP. Rejoindre l’UDI serait-il quelque chose d’envisageable pour vous ?

J-L.M: Je ne vais pas nier le fait que les idées défendues par l’UDI et les miennes sont à quelques choses près similaires. C’est une évidence. Mais aujourd’hui, la question ne se pose pas. J’ai fait le choix d’être à l’UMP. J’exerce des responsabilités et suis respecté dans ce parti. Sa vocation propre de réunir la droite républicaine et le centre demeure une idée intéressante. Changer de parti n’est pas à l’ordre du jour. »

 

Propos recueillis par Christophe Guerra