Municipalité : Pierre Cohen indifférent au « catastrophisme » de son prédécesseur

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Vendredi matin, le maire de Toulouse a commenté le rapport de la Chambre Régionale des Comptes (CRC) juste avant l’ouverture du Conseil municipal. L’occasion d’expliciter différents points, mais aussi de rétorquer. La semaine dernière, les conclusions de ce document avaient en effet suscité les plus grandes inquiétudes de son prédécesseur. Jean-Luc Moudenc avait critiqué les choix de Pierre Cohen en matière d’économie et de ressources humaines.

 

« Pierre Cohen ne coupera pas au verdict des toulousains » avait prévenu Jean-Luc Moudenc. Difficile effectivement d’envisager autrement les choses. Le jugement des travaux accomplis se fera. Contrairement à la précédente élection, le maire socialiste affrontera dans un et demi le scrutin municipal avec un bilan à défendre. Valoriser celui de la CRC constitue donc pour lui une stratégie cohérente. Avec en première ligne, l’incontournable volet économique. Fustigeant le « dogme de l’endettement zéro », Pierre Cohen a d’emblée nuancé l’excellent état des finances de 2008 dont se félicitait l’ancienne équipe dirigeante. « Toulouse n’était pas endettée. Mais la Société Mixte des Transports en Commun (SMTC), dans laquelle la ville est impliquée, l’était massivement. La situation dans laquelle ils nous avaient laissés était loin d’être bonne ». A propos du fameux stock de cent-quarante millions d’euros qui a depuis fondu, le Maire l’inscrit dans une logique de désendettement de la SMTC. « Si cette épargne a été rognée, c’est en grande partie parce que nous avons injecté quinze millions par an dans les transports pour équilibrer les finances et pour mener une politique ambitieuse » explique t-il, en précisant que « cette épargne reste encore au-dessus de celle de communes de même envergure ». Sur le recours à l’emprunt, Pierre Cohen déjoue le mélodrame. Selon lui, Jean-Luc Moudenc noircit exagérément le tableau. « J’entends bien son alarmisme, son catastrophisme. Mais nous, nous n’empruntons pas pour régler nos problèmes d’épargne ou pour des choses qui ne concernent pas la « bonne dette ». S’il y a besoin d’écoles par exemple, j’investirai tout de suite. Je n’attendrai pas cinq ans comme certains pour le faire ». L’intéressé appréciera le renvoi de politesse.

« Je valorise le personnel »

Diriger, c’est aussi gérer les hommes. En lecteur attentif, Jean-Luc Moudenc avait surligné la hausse significative de l’absentéisme mise en avant dans le rapport de la Chambre Régionale des Comptes. Un mouvement crescendo que le député impute au régime indemnitaire instauré sous le mandat de l’actuelle majorité. La suppression des horodateurs et du critère de présence dans l’attribution des primes sont mis en cause. « Cette concertation, nous l’avons eu. Il est vrai que nous avons souhaité enlevé la badgerie, mais uniquement en cas d’accord avec le personnel » justifie le socialiste. « Nous n’avons pas la même vision de gestion des ressources humaines que nos prédécesseurs. Je suis pour le débat et le dialogue avec le personnel. Notre politique est à la fois plus juste et plus équitable ». Tout irait-il bien dans le meilleur des mondes ? Non tempère Cohen, qui admet certaines faiblesses dans le milieu éducatif. « Nous éprouvons quelques difficultés concernant le personnel des écoles, dont les mille agents territoriaux spécialisés en école maternelle (ATSEM) » admet le ponte. « L’équipe précédente a construit quelque chose autour des Atsem qui me scandalise, où une seule personne était responsable des mille postes » déplore t-il. « Nos prédécesseurs avaient imbriqué ensemble maternelle, centre de loisirs et Clae. Certains sont encore habitués à l’ancienne organisation qui crée des mauvaises conditions de travail. Voilà pourquoi le niveau d’absentéisme flambe » avance t-il, avant de conclure. « Plutôt que de stigmatiser le personnel, je le valorise. Je m’intéresse au sujet des conditions de travail depuis très longtemps. Je n’ai pas attendu d’être maire pour cela ».

 

Christophe Guerra