Election UMP: Copé vainqueur « sans tension ni contestation » en Haute-Garonne

299

Hier soir, Jean-François Copé a remporté d’un cheveu la présidence de l’UMP en récoltant 50,3% des suffrages, soit 98 voix de plus que François Fillon. Une victoire au fil du rasoir qui vient clore une longue journée d’attente, d’indécision et de tensions palpables. Dans un contexte pareil, la tempête médiatique a échaudé les esprits. En Haute-Garonne, porte-parole respectifs et responsables politiques assurent avoir préservé l’unité au delà des divergences. L’appel au calme semble avoir primé.

 

Les responsables de la droite toulousaine n’éteignent aucun feu puisqu’ils en contestent l’existence même. Il faut dire qu’avec 62% des voix données à Jean-François Copé et 30% accordées à la motion de Guillaume Peltier, il était difficile d’allumer des mèches. Mais quand même. Le département ne manque pas de fortes têtes, certaines auraient pu se faire front. Que nenni pour les pontes locaux, qui ont surtout pointé des soucis techniques. « Il y a eu quelques problèmes, notamment sur Toulouse. L’affluence était telle que nous avons été débordés. Certains ont du attendre près d’une heure pour déposer leur bulletin. L’impatience et l’énervement ont généré quelques écarts et des omissions de signatures » explique Sacha Briand, conseiller régional. L’ambiance était un peu tendue dimanche soir. Vingt-et-une signatures en moins ont été constatées par rapport au contenu des urnes. « Je pense que devoir faire rentrer toutes ces personnes dans une fédération de 27 mètres carré a participé à rendre la situation un peu brouillonne » rajoute Guillaume Brouquières, responsable des Jeunes UMP en Haute-Garonne. Pierre Esplugas, porte-parole de l’UMP31, complète le propos. « Il n’y a aucune tension ni contestation. 21 voix d’écart sur 2718 bulletins dépouillés, c’est une erreur assez infime. Il faut surtout souligner la très bonne participation dans le département. 57%, c’est un taux satisfaisant et même supérieur aux précédents scrutins ».

 

« Une campagne électorale est toujours tendue »

Départagée par un sprint final, cette élection est globalement restée classique dans son déroulement. Mais pas totalement non plus, au regard de ce twist final. Les prémices ont coulé dans l’eau tiède, jusqu’à ce débat télévisé d’octobre dernier somme toute frileux. Des longs renvois de balle. Il aura fallu attendre les derniers échanges pour voir chacun des candidats monter au filet. Le coude-à-coude de dimanche a contraint aux smashs. « Copé est peut-être allé un peu vite en annonçant sa victoire aussi tôt » admet Guillaume Brouquières. « On ne peut pas vraiment lui en tenir la rigueur. C’est du à l’euphorie de l’élection. Dans la dernière ligne droite, l’apparition de tension est logique ». Même indulgence pour Sacha Briand. « Une campagne électorale est toujours tendue à cause de la pression. Il y a eu un emballement causé par l’attente des résultats et la déception pour beaucoup de ne pas avoir eu un verdict net et tranché ». Mais le conseiller régional filloniste refuse l’analogie avec l’imbroglio du Congrès de Reims, vécu en 2008 par le parti socialiste. « Je crois savoir qu’à Reims, Ségolène Royal avait admis sa défaite par nécessité de service à cause des plaintes de fraudes. Or, à l’heure actuelle, aucune n’a été officiellement déposée pour cette élection ». Une question de temps? Au niveau départemental néanmoins, tous trois maintiennent que ce scrutin aux rebondissements multiples n’a laissé aucune mauvaise trace. A vérifier, dès les prochains jours.

 

« Bien sûr qu’il y a une crise »

Mais dans les hautes sphères, l’ambiance à chaud apparaît moins idyllique. D’une amertume rampante, la déclaration de François Fillon suite aux résultats a de quoi laisser de marbre. « La fracture qui traverse notre camp est manifeste. Elle est à la fois politique est morale » a lâché l’ancien Premier ministre, assurant néanmoins qu’il ferait « tout pour la dépasser ». La phrase laisse songeur. Si peu l’avoueront, elle sonne fort comme une bombe à désamorcer. « Bien sûr qu’il y a une crise » avoue sans détour Pierre Esplugas. « Mais ce n’est pas une crise mortelle, entendons-nous bien. Ce qui est surtout dommageable est que cette compétition électorale a généré des divisions étalées sur la place publique. Je ne peux que regretter que l’on ait pris modèle sur le parti socialiste ». Sacha Briand focalise plutôt sur l’aspect très étriqué de cette victoire du secrétaire général sortant. « Ces résultats serrés ne sont pas un bon signe. Tout le monde aurait préféré un résultat net. Si bien que dimanche soir, j’ai eu l’impression d’assister à un espèce de drame » déplore t-il. A l’inverse, Guillaume Brouquières voit les choses d’un bien meilleur oeil. « Cette élection est loin d’être un échec, je dirais même que c’est plutôt un succès. La participation a été forte et les motions ont intéressé les militants. Des personnalités fortes et nouvelles comme Guillaume Peltier ont émergé, c’est une bonne chose » se réjouit l’homme, enclin à relativiser. « Restons lucides, cela ne va pas changer notre vie en Haute-Garonne. Nous devons tous nous retrouver rapidement et suivre Jean-François Copé à 200% ». Aucune tension ni contestation, on vous dit.

 

Christophe Guerra