« Hollande n’admet pas que la récession a commencé »

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Hier après-midi, un impressionnant cortège de salariés, de responsables syndicaux et de citoyens se sont rassemblés à Arnaud-Bernard. Un nouveau succès en terme d’affluence, après la grande manifestation du 9 octobre dernier qui avait réuni près de neuf mille personnes. Les travailleurs de nombreuses sociétés toulousaines, menacés par la conjoncture économique ou simplement solidaires, ont donné de la voix. Avec en ligne de mire, l’austérité grandissante partout en Europe. Ironie du sort, ce rassemblement prévu de longue date s’est effectué le lendemain de la grande allocution de François Hollande. Un discours qui a plus irrité que convaincu.

 

Freescale, Thalès, Sanofi, Air France et encore bien d’autres. Semaines après semaines, les mêmes têtes reviennent et la mobilisation ne désemplit pas. Hier à Toulouse, près de 6000 manifestants selon les syndicats, 2000 pour la préfecture, ont répondu à l’appel de la Confédération Européenne des Syndicats (CES). L’objectif, dénoncer l’austérité généralisée dans les plus grands pays européens, au sein desquels des opérations coup de poing semblables étaient simultanément organisées. Si la cause dépassait les frontières hexagonales, l’avenir de l’emploi reste alarmant d’abord localement. Fabien, responsable syndical Sud-chimie Sanofi, fait le point sur la situation du laboratoire toulousain, devenu malgré lui une sorte de mauvais feuilleton. « Nous sommes dans la seconde phase du plan. Les discussions continuent et un expert économique vient d’être nommé. L’affaire est en appel devant les tribunaux, qui en première instance ont donné raison à la direction. Nous pensons que Sanofi veut nous contraindre à quitter le site ». Chez Air France Toulouse, même son de cloche. « 5122 destructions d’emplois sont annoncées dans tout le pays, sans compter la baisse des salaires et des acquis sociaux » dépeint le syndiqué CGT Vincent Salles. « Au delà de notre cas, nous constatons que les politiques d’austérité ont des conséquences catastrophiques dans toute l’Europe. Nous sommes là pour les dénoncer ».

 

Hollande doit prendre ses responsabilités

La plupart des commentateurs ont analysé le discours présidentiel de la veille comme un véritable virage politique pris par le Chef de l’Etat. Un tournant, celui de la rigueur. Pas vraiment un scoop pour les manifestants toulousains, qui voyaient depuis longtemps déjà venir l’éléphant. « Ce que j’ai entendu de cette conférence ne me rassure pas » déplore Vincent Salles, avant de poursuivre. « La politique qui est actuellement menée est totalement différente des promesses de la campagne. La seule main tendue par le gouvernement est vers les patrons. Ce tournant de l’austérité est clair. Il ne l’admets pas, mais on sait tous que la récession a déjà commencé ». Pour son homologue de Sanofi, le président français doit maintenant en finir avec l’ambigüité. « Ses discours nous laissent inquiets. Nous attendons une action forte, un positionnement clair pour l’emploi en Europe. Il va falloir qu’il tranche, qu’il montre qu’il a une vraie politique de gauche. C’est quand même pour cela qu’il a été élu ». En attendant, c’est son détracteur Jean-Luc Mélenchon qui viendra en personne soutenir les salariés locaux. Le 29 novembre prochain au soir, le leader du Front de Gauche se rendra au Parc des Expositions de Toulouse dans le cadre d’un meeting unitaire contre l’austérité. Assurément, la politique de François Hollande sera un sujet de discussion.

 

Christophe Guerra