Les salariés de Freescale Toulouse s’invitent au Congrès du PS

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A l’issue de leur assemblée générale, les employés de Freescale Toulouse ont fait le point hier après-midi sur leur situation. En pleine restructuration, la société américaine pourtant bénéficiaire a notifié le 10 août dernier la suppression de quatre cent emplois de production pour le site de Toulouse. Un énième pied-de-nez au monde salarial qui suscite la colère des représentants syndicaux. Ceux-ci ont décidé d’interpeller conjointement les responsables socialistes à l’occasion du Congrès du parti.

 

« Cela fait maintenant trois ans et demi que l’on vit avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête » rumine Didier Zerbib, secrétaire général CGT Freescale. En effet, dès 2009, la direction avait décidé la fermeture du pôle de production toulousain, ne conservant que ses activités de recherche. Soit 821 postes dans l’expectative, comme l’explique le syndiqué. « Les commandes ont continué à affluer, les clients ne voulaient pas de la fermeture ». De ce fait, celle-ci a été repoussée à quatre reprises avant la notification du 10 août dernier. Officiellement donc, l’usine de production qui sera réimplantée en Chine est en cours de démantèlement. « Je rappelle qu’en 2009, Freescale réalisait 39 millions d’euros de bénéfices et encore 17 millions l’an dernier. Ces licenciements ne sont pas justifiés » s’étrangle Didier Zerbib. Aujourd’hui, il resterait sur le site une centaine de salariés en attente d’une notification de départ. Mais selon les pronostics du responsable, les quatre cent ingénieurs du centre de recherche devraient « à moyen terme » être eux aussi emportés par la vague. « Une hécatombe en Haute-Garonne » selon le représentant d’Air France, venu soutenir la cause en compagnie de salariés du CHU Purpan et des Finances Publiques. Des boîtes qui ne sont pour Gisèle Vidallet, secrétaire départemental CGT, « qu’une partie de l’iceberg ».

 

« Imposons le changement au gouvernement! »

Pour l’ensemble des délégués syndicaux, l’immobilisme politique sur ces différents dossiers est déplorable. D’autant plus que dans les cas d’Air France et Thalès, l’Etat dispose d’une marge de manœuvre puisqu’actionnaire. « L’attitude de ce gouvernement doit changer » clame Didier Zerbib. « Monsieur Hollande avait promis qu’en tant que président, il interdirait les licenciements boursiers. Nous lui demandons ainsi qu’au ministre Sapin un peu de courage politique ». Même son de cloche chez Air France. « Le mutisme de l’Etat est total, alors qu’il a les moyens d’intervenir ». Si les élus ne viennent pas à eux, ce sont eux qui viendront aux élus. « Il va falloir passer des discours d’intention aux actes concrets » s’impatiente Gisèle Vidallet. « La première des urgences est qu’une loi interdisant les licenciements boursiers soit mise en place, comme cela avait été promis. Si le changement c’est réellement maintenant, imposons-le au gouvernement! ». La tenue du Congrès du PS, ce weekend à Toulouse, semble tomber à point nommé. C’est pourquoi samedi matin, des responsables syndicaux se rendront au Parc des Expositions adresser une lettre ouverte aux congressistes. Avant d’entamer une nouvelle manifestation interprofessionnelle le même jour, qui partira d’Esquirol à 14h30. Pour les socialistes, il sera difficile d’esquiver le face-à-face. Visiblement, l’heure des comptes a sonné.

 

Christophe Guerra