Un toulousain à l’origine de la découverte d’une planète de diamant

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Dénommée 55 Cancri E, cette « Super Terre » visible à l’œil nu est située à une quarantaine d’années lumière de la Terre. Avec les américains Nikku Madhusudan et Kanani Lee, le français Olivier Mousis est l’un des chercheurs à l’origine de sa découverte. Planétologue de l’Institut de recherche en astrophysique de Toulouse, ce spécialiste de la formation du Système Solaire et des systèmes planétaires nous en dit plus sur la mystérieuse sphère.

 

Toulouse Infos: Comment cette planète a-t-elle été découverte ?

Olivier Mousis: Son existence a été révélée grâce à la méthode de mesure des vitesses radiales en 2004. L’an dernier, son transit devant l’étoile parente a été observé par le satellite américain Kepler. Toutes ces informations ont permis d’estimer la taille et la masse de 55 Cancri E.

 

T.I: On parle d’une planète « faite de diamant », ce qui semble assez surréaliste. Quelles sont les caractéristiques de la Super Terre ?

O.M: Par rapport à la Terre, sa taille est deux fois plus grande et sa masse volumique, soit environ huit fois plus importante. La température en surface est de plus de 2000 degrés C, car la planète orbite à une distance très proche de son étoile parente. En observant celle-ci, nous avons remarqué une abondance de carbone. Ce qui laisse à penser que ce carbone provient du gaz environnant l’étoile à sa formation, lui-même à l’origine des prémices de 55 Cancri E. Une fois la planète formée, le carbone ainsi piégé s’est retrouvé soumis à de hautes pressions et températures, ce qui l’a transformé en diamant. Environ un tiers de la masse de la planète pourrait être constitué de cette matière.

 

T.I: Cette découverte constitue-t-elle une réelle avancée pour le monde scientifique ?

O.M: Ce type de découverte nous montre qu’il existe une grande diversité de compositions de planètes dans notre environnement local. 55 Cancri E se situe à 44 années lumières de la Terre, ce qui est en fait une distance plutôt proche par rapport à l’échelle de notre Galaxie. Cette diversité nous fait appréhender plus précisément dans quelles conditions le système solaire et la Terre se sont formés. Cela nous permettra de mieux comprendre les conditions d’émergence de la vie sur Terre, et éventuellement ailleurs.

 

T.I: A titre personnel, la participation à ce projet vous ouvre-t-elle de nouvelles perspectives ?

O.M: L’étude de la composition de la planète 55 Cancri a été menée dans le cadre de collaborations internationales et n’a pour l’instant pas de lien avec les activités des chercheurs toulousains. Mais depuis le 1er septembre 2012, je suis chercheur associé à l’Institut de Recherche en Astrophysique et Planétologie (IRAP), qui est rattaché à l’Université Paul Sabatier. Et ce, pour le plus grand bénéfice de mon projet scientifique qui est centré autour de l’étude de la matière primitive du Système Solaire. A l’heure actuelle, mon souhait le plus clair est de pouvoir intégrer l’université toulousaine, ce qui me permettra de pérenniser mes activités scientifiques au sein de l’IRAP.

 

Propos recueillis par Christophe Guerra