Emmanuel Maurel n’a « jamais caché ses divergences »

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Qualifié pour le second tour avec 13,31% des suffrages exprimés, Emmanuel Maurel a sans conteste su déjouer les pronostics. L’avance du favori Harlem Désir n’a pas été aussi large qu’espérée, et c’est en grande partie de son fait. Conseiller régional en Ile-de-France, c’est tout juste si le bien-nommé n’était pas inconnu au bataillon avant la publication des listes. Mais son discours de présentation de la motion numéro trois, dont il est le premier signataire, a impressionné. Une personnalité forte s’est révélée, mais aussi un franc-parler, plutôt bienvenu en temps de polissage. Et le candidat au poste de premier secrétaire du PS compte bien amener le contrepoids. Entretien.

 

Toulouse Infos: « On vous présente souvent comme « l’aile gauche du PS ». Est-ce pour vous quelque chose qui fait sens ou bien un simple terme de journalistes ?

Emmanuel Maurel: Je dirais que c’est une expression qui ne veut pas dire grand chose. Car je n’ai jamais entendu dire qu’un tel ou un autre représentait l’aile droite du PS. On dirait que le parti socialiste est un drôle d’oiseau qui vole avec une seule aile. Ma ligne politique, c’est une gauche de combat qui veut tourner la page de l’austérité sur les questions européennes. Une gauche qui ne voit pas dans la rigueur une solution. Une gauche qui ne renonce pas au rôle de l’Etat dans l’économie et qui donne priorité au redressement productif. Une gauche qui apporte une réelle critique des institutions de la Vème République.

 

T.I: Dans le discours de présentation de votre motion, vous évoquez « un gouvernement un peu trop sensible à la pensée unique ». Est-ce un réel danger?

E.M: Je pense que nous devons tous ensemble aider le gouvernement à tenir bon. Sur l’affaire des « Pigeons » par exemple, nous aurions du davantage répliquer à la fronde des auto-entrepreneurs. Mais le parti doit aussi rester autonome vis-à-vis de l’appareil d’Etat. La pensée unique explique que le problème en France est le coût du travail. Pour moi, c’est la mauvaise répartition des richesses. Je n’ai jamais caché mes divergences, je ne les ai pas mises sous le tapis. Je me réserve quoi qu’il arrive le droit de critiquer et de livrer parole.

 

T.I: Est ce qu’on n’a pas un peu imposé Harlem Désir aux militants, se retrouvant presque obligés de voter pour lui?

E.M: Non, les militants ne ressentent aucune obligation. La preuve, c’est que Harlem Désir a récolté 68% des votes alors que certains prévoyaient beaucoup plus. Après, il y a toujours des spécificités locales. Des cas où 100% des inscrits votent pour un même candidat, ça s’est déjà vu. Mais globalement, nous avons eu droit à une vraie élection. La diversité s’est clairement exprimée.

 

Propos recueillis par Christophe Guerra