Sanofi Toulouse : « La bataille va continuer, elle va s’accentuer »

509

Hier matin, les employés de Sanofi se sont réunis comme chaque semaine devant l’Oncopole route d’Espagne. Leurs collègues montpelliérains, bordelais et parisiens sont spécialement venus soutenir l’action. Représentants et militants politiques étaient aussi là pour cette première journée de grève officielle, suivie à 90% selon les syndicats. Ostensiblement, le ton se durcit.

 

Devenus rituels, les « jeudis de la colère » grimpent chaque semaine un peu plus en pression. La dernière mobilisation, marquée par l’édification d’une tour de médicaments, arborait plus de sourires que de sourcils froncés. Mais devant des échéances qui se rapprochent, l’heure n’est plus à la rigolade. Le 3 octobre au plus tard, une décision sera rendue lors d’un comité de groupe extraordinaire. L’allocution de Thierry Bodin, délégué syndical CGT à Sanofi, a sonné comme un discours d’avant-guerre. « L’objectif est le retrait pur et simple de ces plans de restructuration. Nous disons également aux élus qu’ils doivent redoubler d’interventions auprès du groupe et des ministères ». Le syndiqué, d’une voix abrupte et sèche, a lancé des sommations aux politiques. « Sanofi a réalisé neuf milliards d’euros de bénéfice, auxquels s’ajoute 130 millions de crédits d’impôts recherche et veut supprimer des emplois dans toute la France! Cela serait dramatique non seulement pour les salariés mais pour l’industrie pharmaceutique en général. Si le gouvernement laisse faire, il montrera au Medef qu’ils ont le champ libre dans la poursuite des restructurations. Que celui-ci fasse en sorte que le changement qu’il prône existe réellement! Nous ne sommes pas prêts de lâcher. La bataille va continuer, elle va s’accentuer! ». Galvanisées, les troupes blanches ont répondu par un tonnerre d’applaudissements.

 

Près de 500 manifestants

La coupe est pleine et l’effervescence en train de monter. Un foule impressionnante était rassemblée, bien plus que les manifestations précédentes. Cette fois-ci, environ 300 chercheurs venus des quatre coins de la France ont rejoint les rangs. Eric Roussel, contrôleur qualité-site et élu Sud-Chimie au comité d’entreprise de Montpellier, est venu soutenir la cause. « Nous nous sentons complètement solidaires de nos homologues toulousains. Nous sommes aussi concernés, même si le laboratoire de Toulouse est objectivement plus menacé que le nôtre. Il faut à tout prix arriver à faire reculer la direction. Pour ce faire, nous allons tenter d’étendre le mouvement à l’ensemble des sociétés du groupe ». En ce qui concerne l’appui des politiques, les avis restent assez mitigés. Un autre salarié montpelliérain, qui a souhaité gardé l’anonymat, n’y croit que moyennement. « Ca serait bien qu’ils puissent donner du poids à notre mouvement, qu’ils servent d’intermédiaires. Mais je reste très sceptique, je n’ai pas confiance » grimace t-il. Eric Roussel préfère lui positiver. « C’est encourageant car ils ont l’air de vouloir expliquer notre démarche auprès du gouvernement. Je ne suis pas très sur du résultat, mais leur présence est bon signe ». Et l’homme de glisser une piste possible. « Il faudrait se séparer du secteur privé qui ne s’intéresse qu’au profit financier. L’idéal serait que le gouvernement nationalise la recherche ».

 

Christophe Guerra