Colère chez Sanofi Toulouse : une pile de médicaments pour cristalliser le gâchis

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Comme chaque jeudi, les employés révoltés de Sanofi ont manifesté hier midi route d’Espagne. Une nouvelle fois, ils sont venus clamer leur indignation devant le désengagement programmé de la direction du groupe pharmaceutique. En signe de protestation, des boites de médicaments ont été scotchées et empilées. Une manière astucieuse de secouer l’opinion sur l’enjeu de la santé publique.

 

Avec une manifestation par semaine, le mouvement aurait pu s’essouffler. Que nenni. Hier encore, ils étaient environ deux cents à lever les poings, faute de ne pouvoir les taper sur la table des négociations. Car la direction de Sanofi, qui revoit sa stratégie économique, entend fermer depuis le 5 juillet dernier le laboratoire de recherche toulousain. Hier midi, le personnel a dressé un étonnant totem de plus de deux mètres de hauteur, constitué d’emballages de médicaments. Parmi ceux-ci, des boites de Doliprane, de Maalox et surtout de Plavix, l’anticoagulant breveté par le site toulousain. « Cette pyramide est symbolique. Elle démontre la diversité des médicaments inventés par les laboratoires privés. C’est aussi une manière de dire: voyez ce qu’apporte la recherche que vous souhaitez voir disparaître » explique Cédric Latieule, ingénieur informatique chez Sanofi. Le groupe, qui a déjà fermé des centres en Espagne, en Italie et en Hongrie, projette en effet d’externaliser ses activités de recherches. Et ce, malgré les neuf milliards de bénéfices qu’il réalise. Munis de panneaux « Sanofric » et toujours aussi caustiques, les manifestants ont à nouveau poussé la chansonnette. Cette fois, la célèbre « salsa du démon » est devenue « salsa du pognon ».

Les politiques interpellés

Cette tour érigée de médicaments sonne comme un appel aux plus hauts sommets. C’est en tout cas le souhait de Lionel Cousseins, biostatisticien au laboratoire de Toulouse. « M. Cohen a dit qu’il nous soutenait, qu’il ne comprenait pas la décision du groupe. Il va sans doute trouver des solutions pour sauver les emplois menacés. Mais il faudrait qu’il remonte le problème jusqu’à Arnaud Montebourg. Il doit pouvoir le faire via le parti socialiste ». A l’heure actuelle, nombre d’élus et de politiques locaux soutiennent les salariés du site. Le Conseil Général, le député Christophe Borgel et le président du conseil économique et social régional Jean-Louis Chauzy appuient la cause. « Ils sont tous venus à notre rencontre. Nous espérons maintenant que ces soutiens aient une portée au plus haut du gouvernement » avance Cédric Latieule sans trop y croire. « Une grande incertitude pèse sur le site. Nous attendons à présent le plan détaillé de réorganisation de la Recherche que doit annoncer fin septembre la direction mais sommes assez pessimistes quant l’avenir du site Toulousain » déplore Lionel Cousseins. La décision finale sera rendue fin septembre lors du comité central d’entreprise. Elias Zerhouni, président de Sanofi Recherche et Développement, se chargera d’annoncer le verdict.

 

Christophe Guerra

 

Diaporama : Les Salariés de Sanofi Toulouse montent un mur de médicaments