Toulouse rend hommage à ses cheminots résistants

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Hier matin, c’est empreinte d’une grande émotion que Toulouse a célébré le 68ème anniversaire de la libération de la ville autour de la gare Matabiau. Un fief historique de la résistance toulousaine, judicieusement choisi pour honorer l’action des cheminots. L’occasion, également, de dévoiler une plaque commémorative très attendue.

 

« Je suis fier de participer au rétablissement de l’histoire ». Ainsi s’est ouvert le discours de Michel Pech, conseiller municipal délégué à la mémoire et au monde combattant. Malgré la chaleur écrasante, un impressionnant cortège d’hommes et de drapeaux a répondu présent. Mais de quelle histoire s’agit-il ? Celle, encore trop méconnue, de ces cheminots engagés dans une résistance sans concession. Leurs actions de noyautage des services, de sabotage des trains et des rails avaient grandement affaibli l’occupation nazie. Pour le représentant du maire, Toulouse n’aurait sans doute pu retrouver sa liberté sans l’abnégation et le courage de ces travailleurs. Il a dédié de sincères remerciements « à ceux qui ont su dire non, et envers qui nous devons une éternelle reconnaissance ». Dans une posture solennelle, Michel Pech a offert à la rue des Cheminots une plaque commémorative méritée. Car c’est bien ici, dans l’ancien local clandestin de la CGT, que la grève insurrectionnelle des cheminots toulousains a été décrétée dans la nuit du 18 au 19 août 1944. Soulèvement qui, indéniablement, a impulsé à la ville entière ces sentiments d’indignation et de révolte.

 

« Toulouse a été une ville de grande résistance »

L’intervention de Fabien Delpech, membre du syndicat des cheminots de Toulouse, a elle aussi été remarquée. « Cette plaque n’a rien d’anodin. Elle est l’écho du soulèvement patriotique des toulousains. Le repérage de ce lieu doit compléter le travail de reconquête de la mémoire de la ville. L’histoire ne doit pas faire table rase du rôle des cheminots et des classes ouvrières dans l’opposition à l’occupation nazie. » Et le syndicaliste de rajouter : « Toulouse a été une ville de grande résistance ! ».  La foule, rassemblée, où jeunes militants et anciens combattants semblaient ne faire qu’un, a frissonné en silence. Au son de la Marseillaise, la célébration s’est poursuivie avec un dépôt de gerbes sur la stèle du Pont Raynal, puis devant le hall de la gare Matabiau pour un dernier hommage. Le maire de Toulouse Pierre Cohen, ainsi que son prédécesseur Jean-Luc Moudenc, n’ont pas manqué le rendez-vous. Dans un scintillement d’étendards, de bérets et de médailles, la fierté s’est lue sur les visages. Celle des résistants de la première heure, celle des patriotes, mais plus encore celle de toute une ville.

 

Christophe Guerra