Christophe Borgel : « Il n’y a pas de raisons objectives pour que Sanofi se désengage du site de Toulouse »

487

« La marche de la colère » de Sanofi-Aventis fait trembler le site du Cancéropole à Toulouse. Si celle-ci n’affecte pas encore la décision du groupe de restructurer le centre de recherche de la ville rose, salariés comme pouvoirs publics veulent se battre.

 

Jeudi, les salariés de Sanofi-Aventis se sont une nouvelle fois réunis devant le centre de recherche de Langlade. Ils protestent contre l’annonce de suppression de 1200 emplois au plan national, craignant pour la fermeture totale de leur centre ainsi que pour celui en amont de Montpellier. Une « marche de la colère » dont les salariés du laboratoire Pierre Fabre ainsi que des élus locaux sont venus grossir le cortège.

Ils sont en colère les 640 employés de Sanofi et ils le font savoir. Durant cette marche jusqu’à l’ITAV (Institut des Technologies Avancées en sciences du Vivant), ne leur parlez pas de reclassement. Ils sauveront leurs emplois et c’est tout. D’autant que les arguments avancés par leur président, Christopher Viehbacher, restent « incompréhensibles ». Marie, chercheuse, témoigne. « On nous dit que les résultats ne sont pas bons, que le site n’est pas assez rentable mais c’est totalement faux. C’est même criminel. Si les boîtes qui font des bénéfices ne jouent pas le jeu de l’emploi, la recherche en France va droit dans le mur ».

 

« Pour l’instant on ne nous parle que de désengagement et non de construction »

Mercredi 11 juillet, l’envoi d’une délégation d’une cinquantaine de personnes à Bercy pour un CCE ( Comité Central d’Entreprise) exceptionnel avait suscité un peu d’espoir. En vain. Seuls les centres de Paris, Lyon et Strasbourg sont pour l’instant épargnés par le plan de restructuration du laboratoire pharmaceutique. Mais une rumeur émanant de la direction voudrait que « les discussions reprennent le 15 septembre ». Pour Denis Murat cependant, responsable syndical Sud-Chimie, cette réponse n’en est pas une. « S’il y a vraiment une réalité de réfléchir sur l’avenir de Sanofi, la date plus ou moins annoncée du 15 septembre est illusoire. Pour trouver des solutions en accord avec l’ensemble du tissu économique local il faut se donner les moyens et donc le temps. Pour l’instant on ne nous parle que de désengagement et non de construction » explique t-il.

 

Une aide significative de l’Etat

Chez Sanofi-Aventis donc, on sait que la bataille sera longue. Aujourd’hui 500 à battre le pavé, cette marche ne sera pas la dernière.Tous les jeudis dorénavant ils feront valoir leur encrage dans le site de l’Oncopôle. Une salariée de Pierre Fabre, venu les soutenir, précise. « Le Cancéropole de Toulouse s’est crée avec les universités, la région et nous les industriels privés c’est à dire Pierre Fabre et Sanofi. Si Sanofi s’en va, tout ça ne veut plus rien dire ». Le maire Pierre Cohen, le président du Conseil économique et social, Jean-Louis Chauzy et le député de la 9ème circonscription de Haute-Garonne Christophe Borgel sont bien de cet avis. Pour s’implanter à Toulouse, sur le site hautement symbolique d’AZF, Sanofi-Aventis a en effet bénéficié de l’aide significative de l’État via l’Impôt Crédit Recherche par exemple. Un impôt à l’origine de « 10% des salaires payés », selon Robert Jensac, responsable syndical CGT.

Il y a une semaine, le député Christophe Borgel déclarait qu’« il n’y a pas de raisons objectives pour que Sanofi se désengage de ce site ». Soulignant qu’ils sont « sur la même longueur d’onde », pouvoirs publics et salariés se donnent rendez-vous jeudi prochain à la mi-journée.

 

Céline Roudière