Prostitution : pour les associations, « la solution serait de donner d’avantage de droits aux prostituées »

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Le Syndicat du Travail Sexuel (STRASS) appelle au rassemblement contre le nouveau projet de loi de Najat Vallaud-Belkacem. Il vise, en désaccord avec la quasi-majorité des associations d’aide aux prostitué(ées), à la pénalisation des clients.

 

Vendredi 6 juillet place du Capitole, le collectif STRASS et d’autres associations se sont réunis contre le nouveau projet de loi de la ministre du Droit des Femmes et porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem. Ce projet vise à la disparition de la prostitution par la pénalisation des clients des travailleurs(euses) sexuels.

Le 13 avril 2011, la Mission parlementaire de l’Assemblée Nationale sur la prostitution rendait son premier rapport sur la loi de répression du racolage de 2003. Et la porte-parole du gouvernement s’allie aux conclusions de ses présidents, Danièle Bousquet pour le PS et et Guy Geoffroy pour l’UMP. Ceux-ci préconisent la pénalisation des clients de prostitué(es) afin de « lutter contre la traite des êtres humains et de prévaloir la dignité des femmes ».

Mais pour Julie Sarrazin, présidente de l’association Grisélidis, la prohibition de la prostitution ne serait pas la solution. « On nous dit que l’on veut enrayer la prostitution et aider les prostitué(es) mais on nous propose que des lois de répression! Répression du racolage, des clients, alors que pour enrayer la prostitution même si ce n’est pas notre objectif à nous, associations, la solution serait de donner d’avantage de droits aux prostitué(ées). Des droits tout simples comme l’accès à l’emploi et à la protection. Obtenir des papiers pour certaines, la sécurité sociale ou encore la cotisation retraite…».

Ainsi, Julie Sarrazin rappelle que la prostitution est légale mais n’est pas considérée comme un travail. Cependant « l’argent provenant de cette activité est bel et bien reconnu par les impôts! ».

 

Plus de visibilité pour plus de sécurité

Alors que des slogans comme « Non seulement on baise mais en plus on fait payer », « Nous payons des impôts c’est donc un vrai boulot » ou « Plus de caresses, moins de SRS » se font entendre, la présidente précise que « cette loi est aberrante et quasiment la majorité des associations de terrain qui travaillent au près des prostitué(ées) y est opposée. Prohiber la prostitution va seulement la rendre plus invisible, la faire reculer dans des lieux éloignés de tout contrôle, loin du centre ville. Le risque est le développement du proxénétisme et des intermédiaires. Le problème de la prostitution n’est pas l’activité en elle-même mais les conditions dans lesquelles elle est exercée! » conclue t-elle.

Il y a 2 ans à Toulouse, plus de 300 faits de violence étaient rapportés à l’association Grisélidis sur une année. Mais ce chiffre ne serait même pas significatif de la situation vécue par les travailleur(euses) du sexe. Victimes de violences au quotidien, ceux-ci ont un seuil de tolérance très élevé et porteraient de moins en moins plainte à mesure que la société civile censure leur activité.

Pour une partie de la population la prostitution reste donc un tabou. « Je ne m’occupe pas de ça » ou « je n’ai pas d’avis là-dessus » sont des phrases qui reviennent place du Capitole. Lily, originaire de Nouvelle-Zélande en visite en France dénonce cette hypocrisie. « Depuis 5 ans en Nouvelle-Zélande, la prostitution est acceptée et des établissements spéciaux y sont dédiés aussi bien pour la prostitution féminine que masculine. Je trouve fou de faire de quelqu’un qui veut seulement faire l’amour avec une autre personne, un criminel. Ce besoin n’a pas à être nié, ce n’est pas sale. »

 

Céline Roudière