Thomas Simonian : « les lecteurs ne doivent pas s’attendre à retrouver le journal toulousain comme avant »

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Un peu plus de 4 mois après la liquidation judiciaire du Journal toulousain, le Tribunal de Commerce de Toulouse a donné ce mardi son accord de principe pour la reprise du titre en Scop par d’anciens salariés. Thomas Simonian, ancien coordinateur de la rédaction et désormais salarié associé, dresse pour Toulouse Infos un portrait de la nouvelle version du journal.

 

Toulouse Infos : Ce mardi, le Tribunal de Commerce de Toulouse a donné son accord de principe pour la reprise du Journal Toulousain. Quelle est votre première réaction ?

Thomas Simonian : C’est une délivrance. C’est le résultat de quatre mois de travail jours et nuits de toute l’équipe. Nous avons fait des tours de tables financiers, rencontré des banquiers, des comptables, ça a été un nouveau travail pour nous. Aujourd’hui, nous sommes très satisfaits de reprendre le titre et de le faire en Scop (Société coopérative dont les salariés sont les associés majoritaires). Notre objectif est à présent d’imposer un nouveau Journal Toulousain qui va allier intelligemment le papier et le multimédia.

TI : Vous parlez de nouveau Journal Toulousain, qu’est-ce qui va changer par rapport à l’ancienne formule ?

TS : Nous allons développer en parallèle la version papier et la version multimédia en imposant deux lignes éditoriales distinctes. En ce qui concerne le papier, nous ne suivrons pas l’actualité quotidienne toulousaine. Nous voulons privilégier les dossiers, les enquêtes, les grosses interviews. Côté internet, nous suivrons au jour le jour l’actualité de l’agglomération et nous proposerons une formule enrichie du journal papier dans une version payante. Enfin, nous allons développer la partie web tv. Une chose est sûre, les lecteurs ne doivent pas s’attendre à retrouver le journal toulousain comme avant car la ligne éditoriale a été complètement bouleversée. Nous souhaitons imposer un ton satirique et une vision décalée de l’actualité de la ville rose.

TI : Le Journal Toulousain va-t-il rester un média généraliste ?

TS : Le journal papier va se recentrer sur la politique et les sujets de société. Le reste, comme le sport et la culture par exemple, sera largement traité sur notre site internet. Pour résumer, notre version papier ne sera pas généraliste, notre version multimédia sera généraliste.

TI : Vous avez souligné en début d’interview l’importance de repartir en Scop, pourquoi et comment avez-vous choisi cette forme juridique ?

TS : On a cherché le statut juridique qui nous permet d’être le plus libre possible. Nous avons rencontré Cyril Rocher, délégué régional de l’URSCOP Midi-Pyrénées et nous avons été séduit par un format qui ajoute une utilité sociale à l’activité économique du journal. Nous allons créer une association des lecteurs, que vont diriger nos chroniqueurs et anciens présidents de notre comité de soutien Stéphane Baumont et Nicolas Lafforgue, qui va entrer au capital de la société. L’entrée des lecteurs au capital du journal leur permettra de devenir militants de la cause du Journal Toulousain.

TI : Concernant l’équipe, qui vous accompagne dans cette nouvelle aventure ?

TS : L’équipe s’est dégagée rapidement et naturellement. Suite à la mise en examen de notre ancien patron, un noyau dur s’est formé pour défendre l’intérêt des salariés et envisager une reprise. Avec Aurélie Renne, Coralie Bombail et Séverine Sarrat, nous avons une équipe ultra jeune qui va amener son insouciance et sa fougue pour faire face aux échéances et aux difficultés qui vont arriver. À côté de ça, nous sommes très encadrés : Rémi Demersseman-Pradel nous aide sur la partie gestion et Christophe Lèguevaques sur le plan juridique. Enfin, nous sommes en train de finaliser la mise en place d’un comité d’experts composé de personnalités du monde de la finance, de la politique, de la communication…qui vont nous donner régulièrement leur opinion sur notre activité.

TI : Dans un paysage local qui enchaine les fermetures de médias (Toulouse mag, lettre mps, Carré d’info), quel modèle économique allez-vous mettre en place pour vous imposer dans un secteur d’activité en difficulté ?

TS : Notre modèle économique tourne sur trois axes : les annonces légales, le développement de notre activité commerciale qui était sous-utilisée dans l’ancienne formule et une partie payante du site. Dans cette dernière partie, les abonnés auront une version enrichie du journal et un article quotidien qui ne sera disponible qu’en payant.

TI : L’accord de principe de reprise du Tribunal de Commerce en poche, quel est le calendrier ? Quand pourra-t-on lire ce nouveau Journal Toulousain ?

TS : Nous allons repartir avant fin juillet avec l’ancienne version car nous sommes un Journal d’annonces légales et que la parution a déjà été interrompue trop longtemps. Concernant la nouvelle formule, il nous reste deux mois pour la peaufiner et la présenter aux lecteurs fin Aout/début septembre.

TI : Si on se revoit dans un an pour une autre interview, qu’est-ce que vous aimeriez pourvoir dire ?

TS : Que la version papier a séduit de nombreux toulousains, que le modèle économique est pertinent et qu’il est encore possible de créer de nouveaux médias à l’heure actuelle. Mais la plus grosse réussite serait de vous annoncer des embauches. Concernant le développement, internet sera privilégié, nous n’avons pas pour l’instant l’intention de développer d’avantage la version papier.

 

Propos recueillis par Guillaume Truilhé