Cohen/Moudenc : emprunt ou dette zéro, deux manières de gérer Toulouse

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À la veille du Conseil municipal de ce vendredi consacré au compte administratif de la Ville pour l’exercice 2013 et au compte de gestion pour l’exercice 2013, majorité et opposition ont entamé les hostilités. Alors que Jean-Luc Moudenc dénonce la gestion « catastrophique » de la ville par Pierre Cohen, ce dernier se défend et accuse son successeur de « trouver des excuses pour remettre en cause ses promesses de campagne irréalistes ».

 

« En 2008, il n’y avait pas de dette et on avait un fond de roulement. Celui-ci est aujourd’hui épuisé et la dette devrait dépasser les 100 millions d’euros fin 2014 », a annoncé l’adjoint aux finances, Sacha Briand, lors du troisième Conseil municipal de la mandature Moudenc (25 avril). Une situation assumée par son prédécesseur, Joël Carreiras, qui a « décidé dès 2008 de consacrer la richesse de la ville à la communauté urbaine pour qu’elle sauve le syndicat des transports ». Deux mois plus tard, le débat n’a pas bougé d’un iota et la livraison d’un audit sur les finances publiques, commandé par la nouvelle majorité, ne change rien.

« Depuis 2011, on peut constater la dégradation de l’épargne de la ville qui est passée de 55, 876 millions d’euros en 2011 à 32, 670 millions d’euros en 2013 », indique Sacha Briand qui note une « augmentation de 3% des dépenses de fonctionnement ». Accusée de mauvaise gestion depuis l’arrivée de Jean-Luc Moudenc aux affaires, l’opposition assume ces chiffres et défend sa gestion. « Cette épargne était de l’argent qui dormait, qui était confisqué aux Toulousains. Nous leur avons rendu en comblant les retards pris par l’ancienne municipalité », se justifie Pierre Cohen qui « savait dès le début de la mandature qu’il aurait recours à l’emprunt en fin de mandat ». Et c’est bien sur ce point que s’affrontent deux visions de la gestion publique. D’un côté, un Jean-Luc Moudenc qui prône la « dette zéro » et de l’autre, Pierre Cohen qui « utilise l’emprunt pour financer certains investissements ».

 

Baisse des dotations de l’État

« La ville est soumise à des contraintes financières fortes comme elle n’en a jamais connu », a expliqué Jean-Luc Moudenc ce jeudi devant la presse. « Lors de la campagne, je ne pouvais pas savoir que Manuel Valls allait annoncer un plan de 10 milliards d’euros pour les collectivités, le 8 avril lors de sa déclaration de politique générale », se justifie l’édile qui estime le manque à gagner à « 240 millions d’euros pour Toulouse et à 270 millions d’euros pour la Communauté Urbaine » (sur 4 ans). « C’est pour faire face à ce genre d’imprévu qu’il est bon d’avoir de l’épargne », explique le maire qui va « mettre en place des modalités plus complexes pour mettre en œuvre son projet »

Du côté de l’opposition, l’argument de la baisse des dotations de l’Etat n’est utilisé que « pour remettre en cause les promesses de campagne qui étaient irréalistes ». « Le plan d’économies du gouvernement a été annoncé par François Hollande en décembre, il ne peut pas faire comme s’il ne savait pas », dénonce Pierre Cohen.

 

Un budget 2014 électoraliste ?

Lors d’une conférence de presse qui précédait le Conseil municipal du 23 mai dernier, Jean-Luc Moudenc a indiqué que « Pierre Cohen a arrosé sacrément » les mois avant l’élection. Une accusation que l’ancien maire juge diffamatoire. « Lors du Conseil municipal de janvier, j’ai reconduit les subventions aux associations pour assurer leur fonctionnement jusqu’à l’élection », assume Pierre Cohen qui souligne que les montants sont « pour la plupart » inchangés par rapport à ceux de l’année précédente votés par Monsieur Moudenc ». « Faire des promesses, c’est sa façon de mener campagne », termine le chef de l’opposition.

Réinterrogé sur le sujet ce jeudi, Jean-Luc Moudenc maintient ses propos et donne des exemples. « Tous les jours nous rencontrons des responsables d’associations qui nous disent que la majorité précédente leur avait promis des subventions mais il n’y a aucune ligne budgétaire de prévu. De même pour la fête de la musique, des contacts avaient effectivement été pris avec des groupes, mais aucune ligne budgétaire n’était inscrite ». « Oui, le budget 2014 de Pierre Cohen était électoraliste », termine Jean-Luc Moudenc.

 

Guillaume Truilhé