Coupe du Monde : le petit fils de Just Fontaine veut défendre son record

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Récemment auréolé d’un soulier d’or pour son record de but en une seule Coupe du Monde (en 1958 en Suède avec 13 buts), Just Fontaine est l’objet d’un documentaire qui sera présenté en avant-première le mercredi 18 juin au casino Barrière de Toulouse. Entretien avec Philippe Gracia et Christophe Vindis, les deux réalisateurs.

 

Toulouse Infos : « Pourquoi avoir réalisé ce documentaire, « Just Fontaine, le foot à perpétuité », de 52 minutes sur Just Fontaine ?

Philippe Gracia et Christophe Vindis : Tout d’abord, il n’y jamais eu de longs métrages sur Just Fontaine, nous avons donc souhaité combler ce manque. Ensuite, au fil des rencontres avec lui, on a remarqué qu’il y avait une histoire à raconter autre que celle du footballeur. Enfin, il y a un désir de lui rendre hommage et un devoir de mémoire collective notamment par le biais de notre voyage au Maroc en sa compagnie.

T.I : Pouvez-vous décrire sa personnalité, quel genre d’homme est Just Fontaine ?

C. V. et P. G. : C’est un homme très agréable et très attachant, un passionné de foot qui ne vit que pour ça. C’est également quelqu’un qui répond à toutes les sollicitations et qui a le désir de promouvoir et de partager ses expériences. Enfin, c’est aussi quelqu’un qui vit positivement, qui prend la vie du bon côté et qui aime rigoler.

T.I : On en parle moins, mais « Justo » a eu un rôle important dans l’évolution du football au sortir de sa carrière de footballeur.

C. V. et P. G. : Oui, après sa carrière de joueur, arrêté brutalement en 1962 par une double fracture de la jambe lors d’un match avec son club de Reims face à Sochaux, il a créé le premier syndicat des joueurs professionnels et en est devenu Président. Un syndicat qui a notamment permis la mise en place de contrats qui ont lié pour la première fois les joueurs aux clubs. Avant, un joueur pouvait appartenir toute sa vie à un même club, tant que le président ne voulait pas le vendre. Plus près du terrain, il a été sélectionneur du Maroc de 1970 à 1981.

T.I : Pour le documentaire, vous vous êtes rendus au Maroc. Pourquoi ce voyage ?

C. V. et P. G. : On est parti une semaine avec lui au Maroc pour revenir sur ses origines. Il y a passé les 20 premières années de sa vie (né au Maroc le 18 août 1933) et c’est au Maroc que sa carrière de footballeur a débuté. On a pu remarquer qu’il était toujours très connu dans ce pays. C’est étonnant de voir que quand on se balade avec lui dans la rue, beaucoup de gens viennent le voir. À travers ce voyage, on voulait qu’il s’ouvre pour montrer son fond et ses valeurs. Ça a également créé une proximité avec l’équipe du tournage.

T.I : Avez-vous échangé avec lui sur la Coupe du Monde au Brésil qui s’ouvre aujourd’hui ? A-t-il un pronostic sur le futur champion du monde ?

C. V. et P. G. : « Oui, il est très fier de cet événement et espérait pouvoir s’y rendre. Après il ne nous a pas donnés de pronostics sur le futur vainqueur du tournoi, mais nous a confiés qu’il aimait beaucoup l’équipe d’Argentine, car il aime le beau jeu et le jeu très offensif ».

T.I : Il a pu aller au Brésil justement et a reçu mardi 10 juin un Soulier d’Or qui récompense son record. Il lui a été remis lors du congrès de la Fifa à Sao Paulo par Michel Platini et le brésilien Ronaldo. Comment a-t-il vécu la nouvelle ?

C. V. et P. G. : Il était très content de pouvoir aller au Brésil pour recevoir ce trophée et assister au Mondial. Il était très ému. Cela lui fait extrêmement plaisir d’être reconnu comme ça. Mais ce record est un cadeau et à la fois un problème pour lui car c’est grâce à ses 13 buts en une Coupe du Monde qu’il existe encore dans le monde du foot, les gens ne voient pas assez au-delà de ça.

T.I : Parlez-nous du documentaire.

C. V. et P. G. : Une bonne partie parle de sa vie au Maroc. Il y a aussi le témoignage d’un ancien sélectionneur français et d’amis intimes, mais je souhaite laisser le suspense pour l’avant-première. La seule chose que l’on peut vous dire, est que l’on s’est rendu à Angers avec Justo pour réunir le duo magique Just Fontaine/Raymond Kopa. Un très bel échange.

T.I : Pour terminer, pouvez-vous nous raconter une petite anecdote sur Just Fontaine ?

C. V. et P. G. : Un passage dans le documentaire porte sur les liens forts entre lui et son petit-fils Killian qui fait du foot au club de Balma. Tous les deux sont les seuls membres de la famille à pratiquer du foot (famille de rugby). Killian sait depuis peu que son grand-père possède ce record de but en une Coupe du Monde, et lors du tournage, le gamin nous a dits quelque chose de très touchant. Avant, dans son club, il était attaquant, et depuis peu il est devenu gardien de but. Il nous a expliqué ce choix en disant qu’il a voulu changer de poste car il veut arrêter les buts pour que personne ne batte le record de son papi ».

 

Propos recueillis par Pierrick Merlet