Laurence Arribagé : « Jean-François Copé a bien fait de démissionner »

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Laurence Arribagé, adjointe au maire de Toulouse en charge des sports et loisirs et récemment élue députée de la 3e circonscription de Haute-Garonne, a fait sa rentrée à l’Assemblée nationale le 3 juin dernier. Elle revient sur ses premiers moments dans l’hémicycle, sur le type d’opposition qu’elle va incarner, sur sa victoire aux législatives partielles et sur l’affaire Bygmalion. Entretien.

 

Toulouse Infos : Quel a été votre sentiment lorsque vous êtes entrée pour la première fois dans l’hémicycle ?

Laurence Arribagé : Beaucoup d’émotions, mais un peu d’appréhension quand même. Etre députée, c’est beaucoup de responsabilités. J’y étais la seule nouvelle élue mardi dernier. J’ai été très bien accueillie par le président de l’Assemblée nationale et j’ai été applaudie par l’ensemble des mes collègues députés. Je suis rentrée au début des questions  au gouvernement avec la réforme pénale et la réforme territoriale comme sujets, en plein boum, mais ça c’est très bien passé.

T.I : Quelle députée allez-vous être et quel genre d’opposition aller vous incarner ?

L.A : Je vais me mettre dans les pas de ce qu’a été Jean-Luc Moudenc, c’est-à-dire porter la parole des habitants de la circonscription au niveau national. Cette circonscription est la seule d’opposition dans les dix qu’on a en Haute-Garonne mais mon opposition sera constructive. Jean-Luc Moudenc, pendant les deux années où il a été député, était un élu très présent et de proximité. Les électeurs attendent que je sois abordable, et que je ne change pas. Je compte être disponible, qu’ils puissent me rencontrer autant de fois qu’ils le souhaitent.

T.I : Quels sujets locaux allez-vous défendre à l’Assemblée ?

L.A : Le planning de ce qu’on va aborder va être fait dans les semaines à venir. Comme je l’ai dit lors de la campagne, je défendrai et porterai à l’Assemblée nationale ce que Jean-Luc Moudenc présentera ici, en tant que maire de la 4e ville de France et Président de la Communauté urbaine, en particulier en matière de transport. Je serai le relais pour appuyer l’arrivée de la LGV mais aussi le contournement routier et la troisième ligne de métro. Ce sont des projets structurants que je défendrai à Paris.

T.I : Pour revenir sur l’élection législative partielle, vous avez battu votre adversaire socialiste, Laurent Méric, avec plus de 62% des voix au second tour. Vous attendiez-vous à un tel écart ?

L.A : La seule chose à laquelle je m’attendais était la forte abstention. C’était le quatrième dimanche électoral et le week-end de l’Ascension. Je savais, par rapport au 1er tour où l’on était sur le même jour que les élections européennes, qu’elle serait plus forte. Quant à l’écart de voix avec mon adversaire, je ne l’anticipais pas. On se pose toujours des questions tant que le vote n’est pas fait. Je me demandais si les personnes qui m’ont permis cette avance au 1er tour se remobiliseraient. C’est une très bonne surprise d’être élue députée avec 62% des voix. J’avais presque 65% sur la partie toulousaine, plus de vote pour moi à cet endroit que dans les autres parties de la circonscription. Cela démontre bien que le début de mandat de Jean-Luc Moudenc est apprécié.

T.I : Néanmoins, moins d’un électeur sur trois s’est déplacé aux urnes pour le second tour. Etait-ce une erreur de programmer cette élection aussi rapidement ?

L.A : Non, je pense que cela aurait été une erreur de la programmer au mois d’août. Ce choix était celui de Jean-Luc de démissionner comme il se s’était engagé auprès des Toulousains pendant la campagne des municipales. C’est le seul maire de France lors de ces élections qui a décidé de démissionner de son mandat de député alors que la loi ne l’y oblige pas avant 2017. C’est un engagement fort qu’il a pris et qu’il a tenu rapidement dès le début du mois d’avril. Je le remercie pour cela. Cette programmation était un bon choix car le 1er tour des élections européennes a permis d’avoir une participation plus élevée. On a d’ailleurs pu constater que le Front National, qui était haut pour les Européennes, ne s’est pas imposer lors de ces partielles. Les électeurs ont porté un vote de colère sur les Européennes et un vote raisonné et raisonnable sur les législatives.

T.I : Vous êtes secrétaire départementale de l’UMP, députée, 2ème adjointe à la mairie. Vous avez annoncé votre démission du Conseil régional. Pourquoi ne pas en avoir fait autant pour la mairie ?

L.A : J’étais quand même numéro deux sur la liste de Jean-Luc Moudenc. J’ai passé plus d’un an en campagne électorale à ses côtés. Je crois que les Toulousains ont fait confiance à une équipe, et donc un petit peu à moi aussi. Je pense que ce mandat d’adjointe en charge des sports et loisirs n’est pas du tout incompatible avec un mandat national. C’est un travail local qui implique d’être sur le terrain au contact des présidents, bénévoles, du monde associatif. Je pense donc que c’est un plus pour un mandat de députée. Il faut seulement que je trouve un juste équilibre entre les missions nationales et les missions locales tout en maintenant au maximum le contact avec les administrés de ma circonscription, parce que ça, c’est vraiment mon objectif premier.

T.I : Comment allez-vous organiser votre temps entre ces mandats ?

L.A : Le mardi et le mercredi je serai à Paris. Le reste du temps je le partagerai entre la mairie de Toulouse et ma présence dans ma circonscription.

T.I : Pour finir, que pensez-vous de la situation actuelle de l’UMP suite à l’affaire Bygmalion et la démission de Jean-François Copé ?

L.A : Je crois que Jean-François Copé a bien fait de démissionner parce que cela permettra de mieux le défendre. Maintenant, je fais confiance à la justice. C’est elle qui doit faire son travail. Je crois que le fait de démissionner assez rapidement et d’éviter une séquence longue de reprise comme on avait malheureusement pu le vivre il y a quelques mois est une bonne chose. Désormais, il y a un trio de sages qui est composé d’Alain Juppé, de François Fillon, et de Jean-Pierre Raffarin à la tête de l’UMP pour assurer l’intérim jusqu’au congrès. Maintenant, c’est à chacun d’entre nous et à chacun des cadres du parti de mettre aussi du sien pour que les choses s’apaisent. La majorité actuelle n’a jamais été aussi décriée. Les cotes de popularité du Président de la République et du Premier Ministre sont en chute libre. Nous, en face, avons le devoir de nous ressaisir et de trouver des solutions. Il va y avoir des candidatures, une campagne interne pour cette élection. Après, c’est à chacun des membres de l’UMP de prendre ses responsabilités et de faire que cela se passe le mieux possible. Pour être ici au contact des militants de Toulouse et de Haute-Garonne, je peux dire qu’ils en ont ras-le-bol et je les comprends. Il faut rapidement que les différends de l’UMP cessent et qu’on se remette au travail.

 

Propos recueillis par Charles Monnet