Affaire Bygmalion. Xavier Spanghero : « Ces problèmes nationaux peuvent ternir le travail que l’on fait en Haute Garonne »

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Ce dimanche, l’UMP s’est classée deuxième aux élections européennes, loin derrière le Front National. Le parti n’a pu que constater la vague bleu marine qui a déferlé dans le pays mais aussi en Midi-Pyrénées. Xavier Spanghero, Secrétaire départemental adjoint de l’UMP 31, revient sur cette déception électorale et sur l’avenir du parti, après la démission de Jean-François Copé.

 

Toulouse Infos : Le Front National est le grand gagnant des élections européennes et l’UMP n’a pu que constater les dégats. Quelle est votre réaction face à ce résultat ?

Xavier Spanghero : Je pense qu’il faut dépasser un peu le contexte français. On a un contexte européen où les peuples ont une grande défiance vis-à-vis de l’Union européenne. La montée du Front National on la regrette mais on ne peut pas la dissocier du score de l’extrême droite au Danemark, au Royaume-Uni, en Hongrie, en Italie ou encore aux Pays-Bas. La moitié des pays européens sont frappés par cette progression. Dans le contexte français, cela nous fait peur et c’est bien sûr un échec pour les autres partis, mais je pense que c’est parce qu’on a un vrai problème de construction européenne qui est faite d’une manière non-démocratique et sans les peuples. Les citoyens ne se sentent pas concernés, et ont besoin d’être rassurés sur les problèmes de frontières, de la BCE et de l’euro. C’est un vote de défiance pour l’Europe qui se traduit par cette victoire du FN.

TI : Midi-Pyrénées, qui est un bastion historique de la gauche, n’a pas résisté à la vague bleu marine de dimanche dernier. Comment analysez-vous cela ?

X.S : On est sur des tendances lourdes qui avaient commencé sur les dernières élections municipales et qui se sont amplifiées sur le scrutin européen. Avant, le vote du Front National était un vote urbain mais aujourd’hui c’est un vote rural. On est un peu dans la lignée de ce que j’ai précédemment dit sur les Européennes. Si aujourd’hui il y a une défiance, c’est qu’ils se sentent abandonnés par les pouvoirs publics et qu’ils ont peur que les problèmes d’insécurité ou même de nuisances arrivent jusqu’aux communes reculées. Cela a pour conséquence ce vote rural pour le Front National qu’on ne retrouve pas dans les Métropoles. Pour preuve, il est en 4e position à Toulouse.

TI : L’affaire Bygmalion truste les unes des médias et a entrainé la démission de Jean-François Copé. Quel est votre point de vue sur ce nouveau scandale au sein de l’UMP ?

X.S : Je n’ai pas grand-chose à dire sur cette affaire. C’est un problème de comptes de campagne qui avaient déjà été invalidés l’an dernier. L’UMP a une bonne dynamique en Haute-Garonne. Ces problèmes nationaux peuvent ternir le travail que l’on fait, et cela on le regrette. Je trouve cela dommage que l’on ait une démission de la présidence nationale du parti parce je pense qu’elle travaillait bien. Mais, cela va nous permettre de repartir sur d’autres bases et mettre de l’ordre sur tout ce qui s’est passé.

TI : D’autres affaires touchent actuellement l’UMP, comme le montre la mise en garde à vue de Claude Guéant lundi matin dans l’affaire Tapie. Comment voyez-vous l’avenir de votre parti ?

X.S : Le problème des comptes de campagne est tombé sur nous, il aurait pu très bien tomber aussi ailleurs. Ces comptes sont très arbitraires, mais je n’ai pas trop envie de parler de cela. Nous n’avons pas fait la critique, négativement et positivement, de ce qu’était le bilan du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Maintenant, on va être obligé de le faire. Ce qui nous arrive est peut-être un mal pour un bien. On va avoir une nouvelle direction à l’UMP, mais il nous faut aussi une nouvelle direction politique. Il va falloir retourner à une politique plus claire. Le problème aujourd’hui est que d’année en année on est arrivé à des cafouillages. Sur l’Europe, malheureusement, on n’est pas arrivé à avoir une ligne claire. Il faut donc qu’on profite des prochains mois pour refaire une ligne politique, un projet un peu plus posé. Cela nécessite que l’on soit fédérateur, que l’on rassemble nos familles propres. C’est très important et nous n’avons plus le choix. Dans la situation du pays aujourd’hui, François Hollande ne peut plus gouverner la France avec le PS qui a réalisé son pire score au scrutin européen. Presque plus personne ne vote socialiste. Il a confié à Manuel Valls une mission démesurée par rapport à ses capacités. Le PS est dans une impasse, et c’est aussi le cas pour le Front National qui n’a aucune solution pour augmenter sa force. Nous, à l’UMP, on a un travail à effectuer sur la clarté de ces affaires mais on doit surtout bâtir un projet, point par point, propre et précis. Il faut qu’on redevienne vite le fer de lance de la France car elle en a besoin.

TI : Sur le plan local, Laurence Arribagé est arrivée largement en tête du 1er tour des législatives partielles dans la 3e circonscription de Haute-Garonne avec 44,14% des voix contre les 24,16% pour son principal adversaire, Laurent Méric. Est-ce que vous pensez que ce scrutin est joué d’avance ?

X.S : Je pense que c’est la récompense d’un très beau travail parce qu’on était sur une élection européenne où toute la France a voté Front National, et sur la législative partielle, Laurence Arribagé a réussi à faire un gros score dès le premier tour parce que les citoyens la connaissent de par sa présence sur le terrain. Cela montre que nous sommes là avec des élus de proximité qui répondent aux problèmes des gens, qui sont reconnus et appréciés. Maintenant c’est sûr que c’est une semaine assez problématique au niveau de l’UMP, mais je ne pense pas que cela va influer sur le deuxième tour.

 

Propos recueillis par Charles Monnet