Laurent Méric : « Nous ne sommes pas en train de jouer le troisième tour des municipales »

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Suite à la démission de Jean-Luc Moudenc de son mandat de député, des élections législatives partielles sont organisées le 25 mai prochain dans la 3e circonscription de Haute-Garonne. Investi par le parti socialiste le 28 avril dernier, le Balmanais Laurent Méric sera le candidat de la majorité présidentielle. Dans un contexte peu favorable à la gauche, il revient sur les enjeux de ce scrutin et sur sa manière de faire de la politique. Entretien.

 

Toulouse Infos : En quoi feriez-vous un bon député ?

Laurent Méric : Je serais un député qui se consacrera uniquement à cette mission. Je serais un bon élu car je conçois le lien entre la vie quotidienne de nos concitoyens et écrire et faire la loi. C’est cela que je veux mettre en avant. En tant que député, j’aurais aussi à cœur d’être en contact permanent avec les citoyens pour bien comprendre leurs besoins, leurs inspirations, et ceci pour mieux les traduire dans les textes de lois lorsque que j’aurais à voter. Je ne suis pas un « professionnel de la politique », je suis issu du monde de l’entreprise et de l’associatif. C’est ça que je veux incarner en tant que député de cette circonscription.

TI : Quelles sont les spécificités de cette circonscription ?

L.M : Elle est à la fois très urbaine et très rurale. Nous, Stéphanie Calas (suppléante) et moi-même, sommes la seule candidature à véritablement représenter ces spécificités. Je suis un homme urbain, je vis à Balma, je suis Conseiller municipal là-bas, je suis né à Toulouse et j’y travaille. Quant à ma suppléante, elle est conseillère municipale à Gragnague. Elle y est née et elle y vit avec sa famille. A nous deux, on représente donc très bien les singularités de ce territoire.

TI : Quels sont les véritables enjeux de cette élection ?

L.M : Ce sont les enjeux législatifs qui sont pour moi une priorité. Il faut véritablement replacer la mission du député au cœur de cette fonction qui est celle de faire la loi. Nous ne sommes pas en train de jouer le troisième tour des municipales. Je m’investirais sur deux choses en tant qu’élu. Tout d’abord, mon implication sera totale sur l’action économique et l’emploi. Je veux véritablement m’investir dans ce domaine-là. Si je suis élu, je siégerais d’ailleurs à la Commission des Affaires économiques et je m’impliquerais pleinement dans le profil de l’action conduite par Manuel Valls sur le plan économique.  La dynamique qui est en train de naître du Pacte de responsabilité doit profiter équitablement à tous les citoyens et donc au pouvoir d’achat et aux entreprises pour créer véritablement de l’emploi.

Le deuxième point que je veux mettre en avant est que le premier sujet que le député de cette circonscription aura à observer et à voter, puisqu’il arrivera début juin à l’Assemblée nationale, est la loi sur la transition énergétique qui sera en pleine discussion et en plein vote. Il me semble nécessaire dès à présent d’avoir une vision sur cette loi qui je pense est bonne. C’est notre responsabilité aujourd’hui, devant les générations futures, de préparer nos capacités à faire face aux besoins énergétiques de demain. C’est un formidable gisement d’emplois qu’il faut mettre à profit. Je veillerais par exemple à ce que l’on puisse, sur le territoire de la circonscription, faciliter l’implantation d’entreprises travaillant dans le domaine de la transition énergétique.

TI : Laurence Arribagé, l’ancienne suppléante de Jean-Luc Moudenc, fait figure de favorite. Pensez-vous que cette élection est jouée d’avance ?

L.M : Beaucoup de sondages pensaient que Pierre Cohen allait remporter les élections municipales. Une élection n’est jamais jouée d’avance. La configuration est particulière. Il ne s’agit pas de faire le troisième tour des municipales mais d’élire le nouveau député sur cette circonscription, disponible, engagé à 100%, qui ne cumule pas de mandat, et qui représentera l’ensemble des citoyens de ce territoire à l’Assemblée Nationale. L’enjeu est là. Il ne s’agit pas de dire que tout est joué d’avance. Il faut aller voter pour exprimer son choix. Rien n’est écrit. Je suis persuadé que dans cette circonscription, les choses ne sont pas faîtes et que l’on peut véritablement faire en sorte qu’elle soit représentée dans la majorité parlementaire et qu’elle est la même dynamique que les autres circonscriptions du département. Elle ne doit pas devenir une simple circonscription d’opposition systématique, dogmatique, que nous propose ma principale concurrente. Moi, je serais un député vigilant et dans la dynamique de Manuel Valls pour faire avancer notre circonscription.

TI : Est-ce que le contexte national aura une influence sur ces élections législatives partielles ?

L.M : Je ne suis pas un pronostiqueur politique mais c’est évident qu’il intervient toujours dans une élection, comme on a pu le constater lors des Municipales. Pour autant, nous sommes dans une élection particulière puisqu’elle est couplée avec les Européennes. Il est annoncé un taux de participation assez faible au regard de l’enjeu. Je n’ai aucune idée des personnes qui vont réellement s’abstenir. Aujourd’hui, je veux seulement dire à mes concitoyens de se mobiliser et d’aller voter, de penser que les élections européennes et législatives sont des enjeux très importants. Il faut prendre le temps d’effectuer ce devoir civique.

TI : Localement, vous insistez sur le fait que la seconde rocade portée par Jean-Luc Moudenc lors de l’élection toulousaine et soutenue par la candidate UMP, Laurence Arribagé, pourrait passer sur cette circonscription.  Que pensez-vous de ce projet ?

L.M : Par rapport à la rocade, je suis peut-être le seul candidat à l’emprunter tous les jours donc je sais de quoi je parle. Aux horaires de pointe, j’ai constaté qu’il n’y a pas beaucoup de camions, d’une part, et que la majorité des voitures sont immatriculées 31. Cela signifie que ce n’est pas le trafic de transit qui vient l’encombrer. Une rocade de contournement, qui viendrait capter ce trafic de transit, n’est donc pas une solution contre les bouchons. L’étude qui a été menée en 2007, suite au débat public, a conclu à l’inutilité de cette rocade. Refaire des études qui ont déjà été faites, c’est juste un leurre, de la poudre aux yeux. Il y a des montants financiers qui ont été indiqués il y a 7 ans qui montrent que cette deuxième rocade coûterait 1,4 milliards d’euros. Aujourd’hui, on serait proche des 2 milliards. Je suis sûr que l’on peut trouver des solutions pragmatiques, faciles à mettre en œuvre, rapides et efficaces pour résorber les bouchons toulousains. Avec un tel montant, on peut développer les transports en commun, les parkings aux entrées de Toulouse. Je serais de ceux qui participeront avec les élus locaux à trouver des solutions. Pour les citoyens habitants en milieu rural et qui pourraient se sentir menacés par une rocade au fond de leur jardin, je veux simplement dire qu’en tant que député, je ne le laisserais pas faire.

 

Propos recueillis par Charles Monnet