Exclu. Pierre Cohen : « Je ne suis pas du style à plier la tête et à me cacher »

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Après être revenu sur son mandat et sur la campagne des dernières élections municipales dans une interview publiée ce lundi sur notre site, Pierre Cohen précise les raisons qui l’ont poussé à prendre la présidence du groupe socialiste et définit la nature de l’opposition qu’il souhaite mener. Entretien.

 

Toulouse Infos : On est le 31 mars, vous venez d’annoncer votre défaite, quel est votre sentiment à ce moment-là ?

Pierre Cohen : C’est cruel. On a pris un grand coup après les résultats du premier tour et malgré un rapide accord avec les Verts, on n’a pas réussi lancer une dynamique entre les deux tours. Sellin a également été plus dur que l’on pensait. Mais le soir même, c’est la tristesse qui l’emportait. J’étais entouré de ma femme, qui est également militante, de mes enfants, de mes amis et d’élus, et malgré quelques crispations qui ont pu naitre avec certains proches, nous étions tous soudés. Et puis, on réalise qu’il y a 8 ou 9 personnes du cabinet qui vont se retrouver au chômage et on réfléchit à des solutions pour ces derniers. Enfin, on se dit que c’est une nouvelle vie qui commence et que ce ne sera pas simple d’organiser le vide que ça crée.

T.I : Vous auriez pu jeter l’éponge, pourquoi vouloir continuer ?

P.C : Je fais partie des personnes qui ont été surprises par la réaction de Lionel Jospin en 2002 (qui a quitté la vie politique suite à sa défaite). Tout comme lui j’assume la défaite mais sans être présomptueux ni naïf, tout n’est pas de ma faute. Mais comme c’est moi qui portais le projet municipal et électoral, j’estime que je dois présider l’opposition pour éviter les mensonges de la majorité et défendre le travail de notre équipe. Les 8 élus qui m’accompagnent ont également des profils différents qui vont permettre une opposition constructive.

T.I : En parlant des 8 élus qui vous accompagnent, la presse a fait l’écho d’une brouille entre vous et votre directeur de campagne, François Briançon, qui n’aurait pas apprécié votre décision de prendre la présidence du groupe socialiste qu’il occupait pendant votre mandat. Qu’en est-il réellement ?

P.C : En 2008, j’ai partagé la présidence du groupe et j’ai réparti les tâches car il y avait de la place pour tous. Aujourd’hui, il n’y a plus que cette présidence et j’estime que c’est à moi de répondre aux attaques sur notre projet. Mais vous savez, François est un proche, on a partagé la victoire et aujourd’hui nous saurons en faire de même avec la défaite.

T.I : Vous n’aviez jusqu’à aujourd’hui jamais perdu une élection, quel chef de l’opposition allez-vous être ?

P.C : Je vais incarner une opposition vigilante et constructive, toujours dans l’intérêt collectif. On vient par exemple d’apprendre l’arrêt du projet de la maison de l’image qui devait être implantée dans le quartier de la Reynerie. Jean-Luc Moudenc parle de 20 millions d’euros d’économiser qui vont lui permettre de mener sa politique, mais l’économie est en réalité bien moindre. Sur les 20 millions, 11 sont à la charge de la municipalité, et sur ces derniers, 3 devront être versés car le projet a été lancé et 5 vont servir à la création d’une maison de quartier. En réalité, la mairie va donc économiser 3 millions et arrêter un projet qui allait donner à l’agglomération une culture de l’image qui lui manque. Mais cette décision montre la vision de l’actuelle municipalité sur les quartiers. La maison de l’image allait amener les Toulousains vers la Reynerie et créer de la mixité sociale, la maison de quartier est construite pour que les habitants restent dans le quartier. Je suis surpris de leur décision mais tout ce qui touche à Cohen est à éradiquer. Il l’a d’abord fait avec des personnes et maintenant il s’attaque à des projets.

T.I : Lors du premier Conseil municipal, il y a eu des sifflets quand vous avez pris la parole, dans quel état d’esprit étiez-vous à ce moment précis ?

P.C : Je suis trop expérimenté pour être surpris. Après le discours consensuel et absolument pas sincère de Jean-Luc Moudenc, je lui ai dit qu’il allait avoir du mal à faire respecter l’opposition par ses amis. On ne peut pas se comporter comme ils l’ont fait pendant la campagne et tout oublier le jour de l’élection. C’était dur, mais j’avais envie de le faire. Je ne suis pas du style à plier la tête et à me cacher.

T.I : On vous a souvent caractérisé comme quelqu’un d’autoritaire, qui veut tout gérer. Vous vous reconnaissez dans cette description ?

P.C : Je suis quelqu’un qui a des convictions et qui ne change pas de position tous les quatre matins. Pendant 6 ans, j’ai donné une feuille de route et j’ai tranché lorsqu’il n’y avait pas de consensus, mais on ne peut pas nier que mes adjoints avaient de vraies délégations. Il y a un réel paradoxe entre le poids des responsabilités qu’avaient mes collègues et ce dont on m’accuse. Certains maires gèrent la collectivité avec leur DGS (Directeur général des services), moi ce n’est pas le cas. Il n’a pas manqué de pilote dans l’avion pendant 6 ans.

Propos recueillis par Guillaume Truilhé