A Toulouse, les psys du web s’attaquent à l’international

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Le site Tonpsy.com fête ses un an. Cette start-up toulousaine, qui a pour objectif « de permettre à tous d’avoir accès à des conseils psychologiques » a été classée par le magazine Challenges comme l’une des 100 start-ups dans laquelle investir en 2013. Elle tente de faire une levée de fonds afin de « passer au palier supérieur » en matière de visibilité. Rencontre avec Yoann Hervouet et Jean-Philippe Da Costa, les créateurs du site.

 

Toulouse Infos : Quel est le concept du site ?

Yoann Hervouet et Jean-Philippe Da Costa : Tonpsy est une start-up toulousaine qui met en relation des psychologues et des patients. Nous ne proposons que des  vidéos-conférences, car le langage corporel est très important pour nous. Il permet de ressentir les non-dits et de voir la réaction des gens par rapport à ce que nous leur disons. Nous utilisons un système open source que nous avons intégré à notre site, c’était une exigence en interne, mais aussi pour des raisons de sécurité. Skype souffre souvent de soucis d’écoute ou de sécurité, et nous ne pouvons pas prendre ce risque. Les consultations devant être confidentielles, nous ne gardons que les mails sur les sites. Nous sommes ainsi sur un système de peer to peer qui permet une relation directe, simple et qui ne demande aucune installation complémentaire.

Toulouse Infos : Qui sont les psychologues qui travaillent chez Tonpsy, et  comment la profession voit ce médium ?

YH et JPdC : Pour qu’un psy soit accepté sur Tonpsy, il faut qu’il ait un numéro Adeli, afin d’assurer le professionnalisme de tous les membres de l’équipe. La plupart des psychologues ont un cabinet et utilisent le site pour combler leurs heures creuses, d’autres sont d’anciens professionnels à la retraite qui continuent par plaisir, ou encore des jeunes qui se font une partie de leur clientèle via le site. Ce dernier est très bien référencé et constitue donc une bonne publicité pour les praticiens qui y sont inscrits. La plupart des autres psys comprennent l’intérêt de ce genre de consultation. De nombreuses études ont prouvé l’efficacité de consultations par vidéo-conférence, et même les personnes qui travaillent avec nous affirment que l’ont se croit en vraie séance. Le patient, comme le praticien, oublie très vite l’interface. Après entre 15% et 20%  restent retissent à la consultation vidéo, nous le comprenons, c’est un outil complémentaire et non une guerre de l’un contre l’autre.

Toulouse Infos : Vous fêtez vos un an, quel est le bilan au bout de cette première année d’existence ?

YH et JPdC : Très content ! On s’est lancé au départ en fond propre ce qui représentait une grande prise de risques. Nous sommes aujourd’hui à l’équilibre financier. Les consultations payent toutes nos charges, c’est toujours sur un chiffre d’affaires minuscule mais nous ne perdons pas d’argent. Le Bilan est donc très positif. Nous avons aidé un peu plus de 150 personnes à aller mieux, et c’est un plaisir. Niveau effectif, nous sommes partis avec 6 praticiens et  nous en sommes à 80 : 60 francophones et aux alentours de 20 anglophones. Un chiffre qui continue de monter vu qu’en moyenne nous comptons 2 spécialistes chaque semaine en plus dans nos rangs.

Toulouse Infos : La première année n’est pas toujours facile, à vous écouter vous n’avez pas eu de soucis particuliers ?

YH et JPdC : Le début du fleuve n’a pas été très tranquille, les premières années sont les plus difficiles pour les start-ups. Nous n’avons pas de quoi vivre et il y a beaucoup de stress. Mais nous avions anticipé et planifié la plupart de nos besoins et les risques que nous avons rencontré, donc d’un côté nous avons été moins stressés. On savait à quoi s’attendre et nos projections nous ont permis de passer le cap sans mauvaise surprise tout en sachant que ça ne serait pas facile. Mais nous ne cacherons pas que lors du premier patient, par exemple, il y a eu énormément de stress, comme pour la première panne ou autre. Après, nous ne cachons pas que nous avons contrairement à d’autres start-ups la chance de l’argent direct. Dès qu’un patient a pris une séance, nous touchons notre pourcentage. L’argent tombe donc directement, nous n’avons pas à attendre avant de voir le fruit de nos efforts être récompensé.

Toulouse Infos : Vous êtes en train en ce moment d’organiser une levée de fond de 20 000 euros sur SparkUp, dahus quel but ?

YH et JPdC : Nous avons décidé de réaliser une levée de fond pour passer à un échelon supérieur. L’objectif est d’avoir la possibilité d’accélérer notre croissance et nous permettre d’atteindre un nouveau palier. Ce projet a été lancé en novembre et durera jusqu’à fin décembre. On espère avec ces fonds pouvoir passer de 200 visites par jour (actuel) à 2000 visites par jour. Nous aurions pu le faire de suite, mais nous aurions perdu énormément de liberté, et nous voulons à tout prix rester indépendant. Nous aurons ainsi des actionnaires qui croient en nous et à qui nous pourrons renvoyer l’appareil. De plus, certains moyens porteurs, normalement perdus en bourse, pourront avoir plus de poids et un plus grand suivi de notre évolution que s’ils investissaient dans une grosse société où ils seraient noyés. Enfin, investir dans ce genre de projet est déductible des impôts et permet donc de plus facilement provoquer la démarche.

Toulouse infos : D’autres projets pour l’avenir en parallèle de la levée de fonds ?

YH et JPdC : Nous comptons nous ouvrir à l’international, d’où la présence de 20 praticiens anglophone qui travaillent avec nous. Nous avons traduit le site en anglais, et la traduction en Espagnol est en cours. Nous sommes aussi en train de voir pour le public chinois. Nous avons eu la chance d’étudier un peu le marché et nous pensons qu’il y a beaucoup à faire. Notre but depuis la création du site a toujours été le même : permettre à un maximum de monde d’avoir accès à ce genre d’aide, de manière simple, sécurisé, et avec des interlocuteurs de qualité. Nous avons la chance d’être les premiers, mais je suis sûr que d’autres emboiteront le pas car il y a là quelque chose à faire dans le domaine.

 

Propos recueillis par François Nys