Bonna Sabla : « les actionnaires préfèrent liquider la société plutôt que de gagner moins »

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Le groupe Bonna Sabla, leader Français du béton préfabriqué, enregistre depuis 2009 plus de 800 suppressions de poste engendrées par les fermetures d’usines, les réorganisations et les sessions. Une situation qui pourrait, selon la CGT, empirer suite au CCE extraordinaire de vendredi prochain. Entretien avec Michel Roques, délégué syndical central CGT de l’entreprise qui appelle à la grève ce mercredi.

 

T.I: Depuis 2009, le groupe enregistre de nombreuses fermetures, comment analysez-vous ce phénomène ?

M.R: Depuis 2009, il y a une grande récession avec plus d’une vingtaine de fermetures, qui à mes yeux ne sont pas justifiées. La priorité est clairement donnée aux dividendes versés aux actionnaires plutôt qu’à trouver des solutions pour rendre notre activité rentable sur le long terme. Par exemple, avant, le groupe était propriétaire des usines, mais à présent il est locataires des terrains, ce qui plombe encore plus les résultats. L’argent des ventes de terrain devait servir à améliorer les machines afin de rendre les usines plus productives, mais nous n’en avons jamais vu la couleur.

T.I: Et que deviennent ces usines qui ferment ou sont revendues à la concurrence ?

M.R: Elles redeviennent rentables ! Par exemple nous avions le marché des poteaux EDF, et nous avions d’autres connaissances qui nous étaient propres et nous permettaient de nous différencier, mais ces innovations ont été vendue à la concurrence à peine la technique acquise. Et le résultat, c’est que les entreprises qui ont racheté nos compétences et nos usines ont les marchés et sont florissantes. Nous perdons une partie de nos connaissances techniques et restons sur des acquis qui deviennent de plus en plus dépassés. On assiste à une liquidation volontaire du groupe Bonna Sabla.

T.I: Alors selon vous toutes les entreprises du groupe sont rentables ?

M.R: Non, toutes les usines ne sont pas forcement rentable, mais vendre le terrain et payer un loyer n’est pas un moyen d’améliorer la santé économique d’un site. Par exemple pour le site d’Espinace, il y a 5 centrales à béton, et elles ne sont pas considérées comme rentables. Mais au lieu de revendre le site, une restructuration des équipes et de l’organisation de travail pourrait arranger les choses. Mais le CE a préféré vendre, et nous ne comprenons pas pourquoi.

T.I: Avez-vous peur pour l’avenir du groupe ?

M.R: Si nous continuons ainsi, le groupe Bonna Sabla n’existera plus dans 5-6 ans. Le directeur des ressources humaines qui vient d’arriver est un spécialiste des licenciements massifs, il a déjà fait le ménage dans les entreprises où il avait travaillé précédemment. Il n’y a aucune politique à long terme à l’heure actuelle, et les actionnaires ne connaissent que peu le milieu, ils sont plus intéressés par leurs dividendes. Donc ils préfèrent liquider la société plutôt que de gagner moins, tenter de la relever et lui offrir un avenir. On peut dire que c’est une liquidation totale même si personne n’utilise officiellement ce terme.

 

Propos recueillis par François Nys