Toulouse : des associations d’aide aux sans abris s’attaquent en justice

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Depuis le 5 août 2013, la CREA  occupe illégalement les locaux de la Halte de Nuit «  Un Toit Sur La Rue » au 70 allée des Demoiselles. La FNARS demande à ce que ces locaux soient momentanément libérés afin d’y réaliser des travaux de sécurité. Un conflit qui sera tranché vendredi par le tribunal d’instance de Toulouse.

 

D’un côté une avocate représentant la CREA (Campagne Réquisition Entraide Autogestion) et de l’autre un représentant la FNARS (Fédération Nationale des associations d’Accueil et de Réinsertion Sociale). Le sujet de la discorde est l’occupation du bâtiment qui se trouve 70 allée des demoiselles, occupé à l’heure actuelle par la CREA.

C’est vers 11 heures vendredi dernier que les plaidoyers ont commencé par la représentante du CREA. « Ce local, qui était utilisé par l’association ACSC pour le projet Halte de nuit, avait pour but de permettre aux personnes en grande précarité de pouvoir se loger. Le budget de l’association ne permet pas l’ouverture de cette halte en dehors de la période hivernale, de plus le local a été fermé récemment. Mais il y avait des familles à loger, et la CREA est rentrée dans les lieux afin de répondre à cette urgence ».

« Des travaux étaient nécessaires afin de rénover les lieux et une réouverture était prévue fin septembre » rétorque l’avocat de la FNARS qui souligne le fait que l’entrée dans le bâtiment par la CREA s’est faite par effraction, ce qui est illégal. « Il n’y a eu aucune effraction, et vous n’avez aucune preuve de la moindre effraction. Les membres du CREA sont rentrés par une fenêtre ouverte » rétorque l’avocate des squatters.

Les deux avocats ont continué ainsi à se renvoyer la balle sur différents points comme la légitimité de l’ACSC à occuper les lieux, la vétusté du bâtiment, etc. Mais les vrais sujets de discorde étaient visibles en dehors de la salle d’audience.

 

La discorde en dehors du tribunal

Au travers de ce procès, c’est une lutte de pouvoir et de légitimité, entre des associations qui ont pour but d’aider les personnes en grande précarité, qui se joue. En effet, avant de se retrouver au tribunal d’instance de Toulouse, il a été proposé au CREA de libérer le sous-sol, le rez-de-chaussée et le premier étage du bâtiment et de cohabiter sur les 4 étages supérieurs. Une proposition refusé par la CREA qui souligne que « la cour ne serait plus accessible aux enfants, mais transformée en parc à chien, des violences quotidiennes, des va et viens et du bruit toute la nuit sous les fenêtres des familles ne permettrait pas aux enfants de suivre une scolarité et de grandir dans un environnement serein. De plus les escaliers ne peuvent pas être montés quotidiennement par des femmes enceintes, des enfants en bas âges, des personnes handicapées » explique un des membres du CREA.

Les deux partis sont tout de même d’accord sur un point « 35 morts dans la rue l’année dernière, ce sont 35 morts de trop ». Mais concernant l’avenir de la bâtisse allée des Demoiselles, il faudra attendre le 13 septembre pour connaître la décision du juge.

 

Article de François Nys