Un sans-papier toulousain menace de se suicider et en appelle à Manuel Valls

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Entré en France en 1992, père de deux enfants nés sur le territoire, Toufik Boudiaf a présenté une demande de statut de réfugié tour à tour rejetée puis acceptée et enfin rejetée par l’administration. Selon son avocat, cet algérien, habitant à Toulouse, serait confronté à un harcèlement administratif. Aujourd’hui, Maître Pascal Nakache a saisi le Ministre Manuel Valls et Toufik Boudiaf menace de mettre fin à ses jours.

 

« C’est une histoire rocambolesque, mêlant la détresse humaine d’un homme à l’implacable système administratif français ». Installé en France depuis plus de 20 ans, Taoufik Boudiaf a présenté en 1999 une demande de statut de réfugié rejetée en 2000 par le Ministre de l’Intérieur. En 2004, le Tribunal administratif finit par annuler la décision du Ministre, mais en 2007, la Cour administrative d’appel de Bordeaux annule à son tour la décision du Tribunal et rejette le recours de ce trentenaire algérien.

En 2010, une nouvelle demande de titre est rejetée avec obligation de quitter le territoire. Le Tribunal annule à nouveau cette décision mais la Préfecture refuse d’exécuter le jugement : Taoufik Boudiaf reste sans titre de séjour. « Dans l’impossibilité de travailler, ma compagne me quitte, je me réfugie dans l’alcool et tout s’enchaîne » livre t-il. Accusé d’un incendie qu’il conteste, il est condamné à 12 mois ferme en 2011.

Le 26 mars 2013, la commission du titre de séjour de la Préfecture émet un avis défavorable à la délivrance d’un titre « au vu de l’ensemble des éléments »  et en invoquant son incarcération. « Cet homme est dans une situation personnelle catastrophique, c’est la raison pour laquelle j’en appelle au Ministre, je sollicite un geste de l’administration française », déclare Maître Nakache. « Il est prêt à sacrifier sa vie contre ce titre de séjour, il veut seulement vivre paisiblement en France avec ses enfants comme n’importe quel français », conclut l’avocat. Aujourd’hui dans l’impossibilité de travailler, il s’occupe de ses enfants. Et désespère.

 

L’arsenal législatif pointé du doigt…

Si Taoufik Boudiaf est toujours sous le coup d’une expulsion du territoire, cette retentissante affaire n’est pas sans rappeler de nombreuses situations similaires et quotidiennes sur le territoire national. « Des affaires dramatiques entremêlant titres de séjour, détresse humaine et administration française, c’est mon lot quotidien », révèle un autre avocat au Barreau de Toulouse.

« La réglementation législative sur l’immigration doit évoluer, l’administration doit être plus souple, l’accueil des immigrés doit être repensé pour éviter ce genre de situations sordides », constate Pierre Grenier, délégué régional de l’association d’entraide aux migrants la Cimade.

 

Article d’Alexandre Blenzar