Toulouse : Une centaine de roms menacée d’expulsion

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Hier, la Préfecture assignait 23 membres d’un campement de roms devant le tribunal administratif de Toulouse. Elle demande leur expulsion et la destruction de leurs habitats, pour « insalubrité » et risque de crue. Ce lundi, une marche était organisée pour soutenir la cause de ces familles. La décision du juge est attendue ce mardi après-midi.

 

La décision d’évacuer les campements a été motivée par l’absence d’installations sanitaires en bord de Garonne, par les conséquences sur la salubrité publique et par la présence des familles en zone inondable. « C’est une situation de misère désormais bien rodée explique Yves Simonnot de l’association Solidarité Roms. La préfecture ordonne l’évacuation d’un campement de Roms. Les familles ne savent pas où aller. Elles manifestent, se réunissent et demandent clémence, avant de se réinstaller dans un campement voisin tout aussi illégal, où l’opération recommence ». En effet, sur les 40 roms expulsés en novembre dernier des berges près du pont Saint-Michel, « la majorité est revenue au même endroit ».

 

Une évacuation, mais des solutions…

La préfecture de Haute-Garonne précise qu’un « travail social et humanitaire a été conduit afin d’offrir de meilleures conditions de vie aux personnes qui le souhaitent ». L’office français de l’immigration et de l’intégration a proposé à ceux qui le souhaitent une aide au retour volontaire dans leur pays d’origine. Et pour les réfugiés qui ont exprimé un désir de travailler et qui démontrent des capacités d’intégration, un parcours de formation à la langue française et d’insertion professionnelle leur a été proposé.

« Grâce à une circulaire gouvernementale, nous avons pu entreprendre un travail social d’accompagnement avec la préfecture, les services sociaux de la ville de Toulouse et du conseil général de la Haute-Garonne, explique Yves Simonnot de l’association Solidarité Roms. Certaines personnes ont été orientées vers Pôle Emploi et quelques titres de séjours avec autorisation de chercher un travail ont été accordés. L’idée était de ne laisser personne à la rue », souligne un militant.

Mais les principaux concernés restent sceptiques, « des gens seront à nouveau dans la rue très vite », confie Andrei, jeune immigré bulgare.

Du côté des autorités, le discours est pragmatique. « Il fallait appliquer les décisions de justice avec humanité. Depuis deux mois et demi, nous discutons avec les familles, nous sommes allés les voir. Nous avons envisagé avec elles différentes solutions : emploi, logement, retour au pays » plaide un agent des forces de l’ordre.

Pour l’heure, la moitié des membres du camp qui compte en réalité une centaine de personnes ont quitté les lieux pour le pas revivre l’expulsion de novembre dernier. « A l’époque, beaucoup d’entre nous avions perdu nombre de nos affaires lors de notre expulsion » précise un membre du camp qui a décidé de partir.

Le collectif Solidarité Roms Toulouse estime à environ 400 le nombre de membres de cette communauté qui vivent dans l’agglomération toulousaine.

 

Article d’Alexandre Blenzar

 

Actualisation : Le tribunal administratif a finalement ordonné l’expulsion de 23 personnes de nationalité roumaines et bulgare, qui logent dans des abris de fortune sur les bords de la Garonne. Suivant la procédure habituelle, les forces de l’ordre étaient sur les lieux, à la recherche des familles concernées par la décision de justice, afin de leur notifier officiellement la décision.