Alain Refalo : « le tribunal a statué sur la légalité et non pas sur la légitimité »

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La décision de justice concernant Alain Refalo est tombée lundi dernier. Enseignant à Colomiers, il a lancé en 2009 un mouvement de résistance pédagogique contre la réforme Darcos. Souhaitant faire annuler les sanctions infligées à son encontre par l’inspection académique de la Haute-Garonne, il avait saisi le tribunal en juillet 2009. Entretien.

 

ToulouseInfos : Quels étaient réellement les faits qui vous ont été reprochés ?

Alain Refalo : Avec l’arrivée de la réforme Darcos à la rentrée 2008, un système d’aide personnalisée a été mis en place. Nous devions séparer en petit groupes les élèves présentant des difficultés scolaires pour qu’ils puissent se remettre à niveau. Ce dispositif est inapproprié, je n’ai pas pu le cautionner. À la place, j’ai créé un atelier théâtre qui, à mon goût, est plus motivant pour les élèves. J’ai subi plusieurs contrôles académiques qui ont finalement abouti à un rapport dans lequel je me suis vu retiré 27 jours de salaire entre janvier et juin 2009 et une promotion pour « service incomplètement fait ». Je regrette que le tribunal ait statué sur la légalité et non pas sur la légitimité.

TI : Comptez-vous faire appel de la décision de justice ?

AR : La première décision a mis quatre ans pour être prise, cela n’a pas beaucoup de sens. Quoi qu’il en soit, il y a peu de chance pour que cela aboutisse. De toute façon, là n’était pas l’essentiel, j’ai juste souhaité pointer du doigt l’illégitimité de la sanction. Cette décision confirme que la jurisprudence a toujours donnée raison à l’administration.

TI : Que va devenir le mouvement des « enseignants-désobéisseurs » ?

AR : Il est maintenu. Pour ne pas lâcher prise, nous avons mis en place une caisse de solidarité nationale à destinations non seulement des parents mais aussi de tous les citoyens. Elle permet de compenser un petit peu les pertes de salaires. Pour ma part, je continue à donner des cours et l’atelier théâtre est toujours en place.

TI : Votre récente entrée en politique est en lien avec cette envie de continuer le combat ?

AR : Je suis militant depuis un bon moment déjà, en faisant la promotion de la non-violence. J’ai effectivement décidé de m’impliquer sur le plan politique auprès d’Europe Ecologie les Verts, mais il n’y a pas de relation directe avec le mouvement d’ « enseignants-désobéisseurs », c’est plutôt une coïncidence. Je ne veux pas seulement être dans un esprit de contestation, mais surtout dans une idée de projet avec une dimension locale forte à Colomiers.

 

Propos recueillis par Rémi Beaufils