« L’avantage qu’a Mars sur la Terre, c’est sa mémoire »

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Onze mois que Curiosity est en marche. Onze mois que les yeux sont rivés sur Mars. Il est pourtant plutôt évident que le rover ne risque pas de croiser les petits hommes verts. Alors qu’espère trouver la NASA ? Et qu’est-ce que ça changera de savoir que la vie a été possible à 300 millions de kilomètres de nous ? Sylvestre Maurice, coresponsable de l’outil d’exploration de Curiosity, a répondu à ces questions lors d’une conférence pour les collégiens et lycéens toulousains.

 

Petit topo martien pour commencer. Le système solaire existe depuis 4,5 milliards d’années. Mars depuis 4 milliards. Comme toutes les grosses planètes, elle a commencé toute petite et a grandi par collision avec d’autres. A l’époque, Mars est chaude et humide. Elle possède une atmosphère épaisse et probablement assez d’eau pour former un océan qui recouvre tout son hémisphère nord. C’est l’ère du Noachien. Il y a 3,7 milliards d’années, Mars entre dans l’Hespérien. De grands volcans crachent leur lave et créent des montagnes. A – 3 milliards, la planète a expulsé toute sa chaleur, il n’y a plus de volcanisme, l’atmosphère ne se recrée plus. La planète meurt. Depuis, Mars est sèche, froide, pas très passionnante finalement… Notons que 3 milliards d’années sans atmosphère, c’est long. Très long. En gros, si les martiens existent, ils sont vraiment très costauds !

Pourquoi la NASA s’intéresse-t-elle à une planète morte ? L’avantage qu’a Mars sur la Terre, c’est sa mémoire. La Terre est un poisson rouge. Mars, un éléphant. A cause de l’érosion, la planète bleue ne garde de traces ni de son passé, ni de l’arrivée de la vie. Nous n’avons donc aucun moyen de savoir comment les petits êtres unicellulaires que nous étions il y a 3 milliards d’années ont débarqué. Sur la planète rouge en revanche : pas d’érosion. Conclusion, Mars est très bavarde et peut en dire long sur notre histoire à nous.

Si Curiosity est à la recherche de traces de vie sur Mars, c’est surtout pour comprendre l’habitabilité d’une planète en général. On sait que ça a marché sur Terre mais pas comment. Alors que s’il y a eu de la vie sur Mars, on pourra comprendre. Et, justement, David Blake, l’un des responsables de la mission, a annoncé en mars la découverte d’un environnement propice à la vie… Affaire à suivre.

 

Article de Joséphine Durand