Fin du monde: « c’est juste la fin du cycle des Mayas »

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L’apocalypse se produira t-elle le 21 décembre 2012, c’est à dire demain? Le bruit court depuis environ deux ans et parait incroyable. Certains y croient pourtant dur comme fer. Cette théorie, fondée sur une interprétation du calendrier Maya et des coïncidences numériques, a pris semble t-il des proportions énormissimes. Des bunkers souterrains, spécialement aménagés pour la survie de l’espèce humaine, ont été construits dans plusieurs pays. Un village français d’ordinaire tranquille, présenté comme l’unique endroit épargné sur la planète, a même vu son capital foncier exploser. C’est pourquoi Jacky Bena, blogueur toulousain et observateur assidu du phénomène, a décidé de prendre les devants. Ce féru d’histoire aujourd’hui retraité organisait hier à Beauzelle une conférence sur le sujet. Entretien avec un amoureux des frises qui ne transige pas avec la raison.

 

Toulouse Infos: Vous avez animé hier un diner-débat sur cette prétendue fin du monde. L’objectif était-il de ramener certains illuminés sur Terre?

Jacky Bena: Oui, tout à fait. Environ deux-tiers de la conférence s’attache à expliquer qui étaient vraiment les Mayas et les fondements de leur civilisation. Mon propos focalise notamment sur ce fameux calendrier qu’il convient d’analyser plus sérieusement. J’évoque également les errements de ces dernières années sur le plan ésotérique. Le dernier tiers est consacré à la ville de Bugarach, qu’on dit être le seul lieu sur Terre où il sera possible de survivre. Ensuite, le public prend la parole. Je tiens beaucoup à ce jeu de questions-réponses.

 

T.I: Concrètement, que nous apprennent les écrits Mayas sur la fin du monde?

J.B: Absolument rien. Ils ne parlent pas de la fin du monde. En fait, c’est la fin du cycle des Mayas, qui commence en -3114, qui est énoncé dans le calendrier. D’après un certain nombre de calculs effectués par des spécialistes, qui d’ailleurs ne sont pas tous d’accord, ce cycle se terminerait le 21 décembre 2012. Mais nous, nous avons une conception linéaire du temps. La leur était cyclique, ce qui est très différent. De plus, une récente découverte archéologique faite au Guatemala a mis à jour un document gravé à la pierre qui pourrait être un second calendrier, ou le prolongement du premier. Tout cela reste à inventorier, mais cette date pourrait en être changée.

 

T.I: Que pensez-vous de ces constructions de bunkers souterrains qui se sont multipliées, notamment en Norvège?

J.B: Ce sont des attitudes irrationnelles liées à des peurs millénaires. Elles ont aussi été observées en l’an mille et deux mille. Cela tient d’un mouvement survivaliste, qui se développe beaucoup depuis les années 1980. Aujourd’hui, on pense qu’environ 10% de la population mondiale croirait au 21 décembre. Vous n’empêcherez jamais ces appréhensions de se concrétiser. Nous en sommes à plus de 180 annonces de la fin du monde. A chaque fois, des esprits accrochent. Les moyens de communication et d’information ont amplifié le phénomène, notamment via les mouvements ésotériques sur Internet. Ce sont eux qui ont lancé l’idée de Bugarach.

 

T.I: Pourquoi focalise t-on sur ce village?

J.B: Bugarach a toujours fait fantasmé les gens. Deux raisons principales expliquent cet engouement. D’abord, cela tient aux plis particuliers de la montagne de Bugarach. Les plis les plus anciens sont au dessus des plus jeunes, ce qui est une caractéristique plutôt rare. Ensuite, il y a le fait que cette montagne calcaire soit pénétrée de très nombreuses grottes. On a entendu tout et n’importe quoi sur ce qu’elles auraient abrité. Il y aurait eu le corps du Christ, celui de Marie-Madeleine ou encore le trésor des Templiers ou des Cathares. Des ufologues de tout poil ont même expliqué que des vaisseaux extra-terrestres s’y étaient réfugiés. Ma conférence explore le sujet bien plus en profondeur et décrédibilise tout ça.

 

T.I: Toulouse dans tout ça?

J.B: Rien de particulier, je trouve que Toulouse reste très calme! (rires)

 

Christophe Guerra