Basculement de l’argent du TER vers la LGV : « J’ai vu cinq personnes voyager dans les toilettes »

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Vendredi dernier, en marge du conseil municipal présentant le budget 2013, le groupe Europe-Ecologie Les Verts de la région Midi-Pyrénées a organisé un point presse axé sur la question du maillage ferroviaire dans la région. EELV31 a dénoncé les décisions prises par les responsables politiques locaux concernant la future Ligne à Grande Vitesse (LGV), qui devrait relier la Ville rose à Bordeaux dans huit ans. Ceux-ci, avec diverses associations et syndicats, étaient également invitées à s’exprimer sur la question. Compte-rendu.

 

Alliés objectifs, mais pas benêts oui-oui. Les écologistes toulousains n’entendent pas tenir silence sur un sujet qui au vu de contestations qui enflent, ne semble décidément pas être sur de très bons rails. François Simon, vice-président de la région Midi-Pyrénées et candidat verts aux dernières législatives, explicite. « Nous avons estimé qu’il était dans notre rôle d’élus de lancer deux alertes par rapport aux délibérations qui ont été présentées. Nous dénonçons d’une part le basculement d’argent du TER vers la LGV et de l’autre, la précipitation de ce projet ». Un transfert d’environ vingt millions d’euros incompréhensible pour le groupe. « Cet argent va servir à de l’achat foncier. Un fonds d’anticipation foncière va être mis en place pour acheter des terrains destinés aux futurs fuseaux. Cela n’a pas fait l’objet de concertations. Cette forme de négation du débat public est inacceptable » vilipende François Simon, qui pointe également une surcharge financière. « Entre Toulouse et Bordeaux, nous sommes passés d’un prévisionnel de 2,9 milliards d’euros à 7,5. La participation des collectivités à ce financement est par ailleurs absurde. Nous avions toujours dit que cette volonté obstinée de mettre en place la LGV se ferait au détriment des lignes existantes. On est en train de déshabiller le TER pour habiller la LGV ».

 

« On veut un échange d’arguments »

Le sentiment général des associations interrogées est celui d’un « passage en force ». « Un court-circuit démocratique » accentue le syndicat Sudrail-Cheminot. « Est-ce une bonne chose que de transférer l’argent des TER sachant que déjà le service n’est pas rendu? » questionne Gérard, usager de la ligne régionale Boussens-Toulouse. « Je vis les aléas du quotidien entre les retards, les horaires inadaptés et l’insuffisante capacité des trains qui sont souvent bondés. A Muret, les gens ne peuvent plus monter à bord. J’ai même vu cinq personnes voyager dans les toilettes » s’indigne t-il. « On veut un échange d’arguments » réclame l’une des associations présentes. « Les trains grande ligne ne sont remplis qu’à 30%. Depuis qu’on développe la LGV, le fret chute ». « L’avenir de la région Midi-Pyrénées est de régler le problème du fret » complète Christophe Marge du syndicat Sudrail-Cheminot, qui constate que la région fait machine-arrière sous la pression du groupe Vinci engagé sur le projet. « Un gage est donné à Vinci » appuie EELV. « Cela m’étonne qu’une région dite de gauche bascule l’argent des TER au moment où le prix du pétrole monte en flèche et où la précarité s’accroit ». Les débats, s’ils ont lieux, s’annoncent fumants.

 

Christophe Guerra