Depuis trois ans, les frères franciscains toulousains ont lançé le premier cercle de silence en France. Photo / CTI
Hier soir au Capitole, 80 personnes se sont retrouvées pour répondre à l’appel des frères franciscains. Ces derniers proposent de se réunir tous les derniers mardis du mois pour former un cercle de silence.
Depuis trois ans, les frères franciscains toulousains ont lançé le premier cercle de silence en France, ils proposent à tous de se réunir, croyants et non-croyants. Le but de ce cercle est d’attirer l’attention sur les conditions de traitement des personnes étrangères en situation irrégulière. Ces manifestants atypiques dénonçent « d’une part l’enfermement de personnes pour le seul fait d’être entré en France pour vivre mieux ou pour sauver leurs vies. D’autre part, l’extrême sécurisation du centre de rétention de Cornebarrieu, en banlieue toulousaine. »
Jean-Pierre Nizet, membre du comité de pilotage, explique que la loi Besson, votée le 18 juin, durçit les conditions de rétention. Désormais, la durée maximale de celles-ci passe de 32 à 45 jours . Il rappelle que ces personnes en rétention sont parfois des familles complètes, avec des enfants, « qu’on enferme comme s’ils étaient dangereux. »
Alain Richard, franciscain à l’origine du premier cercle de silence français ajoute que les juges qui doivent statuer sur la légalité de ces détentions ont également des délais d’intervention plus longs. C’est la deuxième conséquence de la loi Besson qui inquiète les franciscains. « Même quand on met quelqu’un à la porte, il y a des façons de le faire » ajoute Alain Richard.
Le Capitole, choc des cultures.
L’heure de ce rendez-vous mensuel coïncide depuis quelques semaines avec la présence des indignés, qui occupent eux aussi la place du Capitole. Pourtant, Alain Richard fait part d’une « très bonne cohabitation, les indignés se sont adaptés et ont respecté la discrétion souhaitée par les franciscains. »
Quand on lui demande si, selon lui, le silence est plus influant que les slogans au mégaphone, le franciscain explique que tout le monde n’est pas réactif aux mêmes interventions. Pourtant, Jean-Pierre Nizet distribue en moyenne 300 à 400 prospectus à chaque manifestation, il rapporte « un intérêt croissant des manifestants qui se montrent de plus en plus en désaccord avec l’appareil législatif français. »
Preuve de cette prise de conscience, la ronde du silence s’est aujourd’hui exportée dans plus d’une centaine de villes françaises, et devant le Sénat pendant le vote de la loi Besson.
Anthony Vandaele